Devant un désastre annoncé, l'Espagne a envoyé, hier, un navire militaire afin de récupérer les migrants et les transporter jusqu'au port de Palma de Majorque dans les Baléares. La situation sur le navire humanitaire Open Arms à bord duquel se trouvent plus de 100 migrants est hors de contrôle. Quinze migrants désespérés ont sauté hier du bateau de l'ONG espagnole pour tenter de rallier à la nage l'île italienne de Lampedusa toute proche. Devant ce désastre annoncé, l'Espagne jugeant qu'il s'agit d'une "urgence humanitaire" a envoyé un navire militaire afin de récupérer les migrants et les transporter jusqu'au port de Palma de Majorque dans les Baléares. Parti à 17h00 de la base de Rota dans le sud de l'Espagne, "le bateau naviguera pendant trois jours jusqu'à Lampedusa où il prendra en charge les personnes recueillies par l'Open Arms", a indiqué le gouvernement dans un communiqué. "Cette solution permettra de résoudre cette semaine l'urgence humanitaire vécue à bord de l'Open Arms", a-t-il ajouté. Certains des migrants à bord de l'Open Arms y étaient depuis 19 jours, égalant ainsi le record des migrants secourus par le SeaWatch3 fin décembre avant leur débarquement à Malte le 9 janvier dernier. Un premier homme a sauté en début de journée, a indiqué l'ONG sur son compte. "Il est possible qu'il ait été débarqué (à Lampedusa par les garde-côtes italiens) mais nous n'avons pas de confirmation officielle", a expliqué une porte-parole d'Open Arms. Quelques heures plus tard, "neuf personnes se sont jetées à l'eau pour tenter désespérément d'atteindre la côte de Lampedusa (...) La situation est hors de contrôle", a ajouté l'ONG dans un autre tweet. Ces neuf personnes, dont certaines ne portaient pas de gilets de sauvetage, ont pu être secourues et se trouvaient vers 12h00 "à bord du bateau des garde-côtes italiens", selon la porte-parole de l'organisation espagnole. Le personnel navigant de l'Open Arms a dénoncé à plusieurs reprises les politiques restrictives de l'Italie envers les migrants, alors même que six pays européens (France, Allemagne, Luxembourg, Portugal, Roumanie et Espagne) ont établi un accord et se sont engagés à les accueillir. Le bateau qui transporte 107 adultes dont des femmes et des enfants dans des conditions intenables, s'est vu proposé il y a quelques jours un accueil dans le port d'Algésiras en Espagne. L'ONG Proactiva Open Arms avait alors refusé l'offre la jugeant "absolument irréalisable" à cause de l'urgence humanitaire. Le ministère espagnol des Affaires étrangères avait lancé parallèlement, dans un communiqué un appel aux autorités italiennes pour qu'elles autorisent le débarquement des migrants. Le gouvernement espagnol a ensuite proposé les Baléares, plus proches mais toujours distantes d'un millier de kilomètres de Lampedusa, une idée jugée "totalement incompréhensible" par Open Arms en raison des trois jours de mer nécessaires pour rallier l'archipel espagnol. Face aux reproches adressés par la ministre espagnole de la Défense Margarita Robles au ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini qu'elle a accusé hier de donner peu d'importance aux vies humaines, celui-ci a rétorqué sur Twitter que "la fermeté est l'unique façon d'éviter à l'Italie de redevenir le camp de réfugiés de l'Europe, comme le démontre encore ces heures-ci le bateau de l'ONG espagnole des faux malades et des faux mineurs". Le patron de la Ligue (extrême droite) est également accusé de vouloir tirer profit politiquement de cette affaire, alors que son gouvernement traverse une crise politique à Rome.Le drame des migrants en Méditerranée n'est pas près de se terminer. En plus de la situation explosive sur l'Open Arms, il faut rappeler que 356 migrants secourus au nord de la capitale Tripoli par l'Ocean Viking, navire de SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF), ne trouvent toujours pas de port sûr où mettre pied à terre.