"Etat civil et non militaire", "Non au dialogue avec les corrompus", "Y en a marre des généraux", "Non à la dictature", "Libérez les détenus", tels sont certains des slogans scandés ou portés sur des pancartes par les manifestants. Les rues de la capitale n'ont pas désempli, hier, à l'occasion de la 27e marche citoyenne contre le système. Ni les barrages filtrants dressés aux différents accès à la ville ni le dispositif policier maintenu au centre-ville n'ont dissuadé des milliers de citoyennes et de citoyens de descendre dans la rue pour réaffirmer leur rejet du système et de toutes "les solutions" qu'il préconise. Il était à peine midi lorsque des centaines de citoyens ont investi les principales artères du centre-ville d'Alger. Malgré la fermeture des deux lieux "mythiques" de la protestation, à savoir la Grande-poste et le Tunnel des facultés, les premiers manifestants n'ont pas tardé à donner le la pour une journée exceptionnelle de par sa mobilisation, mais aussi singulière de par les slogans scandés à tue-tête par des dizaines de milliers de manifestants. À 13h, les forces de police déployées en grand-nombre ont, tout de même, tenté d'empêcher les manifestants de rejoindre la rue Abdelkrim-El-Khattabi. La procession humaine qui venait de la place Maurice-Audin a été stoppée net par des policiers. Il aura fallu des "négociations" entre les deux camps pour libérer la voie. Sous les cris d'"Etat civil et non militaire", "Le peuple veut l'indépendance", "Etat civil et non policier", les manifestants ont répondu à la tentative "d'intimidation" de la police, dont les fourgons cellulaires occupaient presque tout le centre-ville. Au début de la manifestation, la mobilisation paraissait faible, mais l'arrivée en masse de plusieurs groupes de manifestants, et ce, juste après la prière hebdomadaire du vendredi, a vite prouvé le contraire. En deux temps trois mouvements, les rues d'Alger étaient bondées de monde et les slogans antisystème fusaient de partout. Emblème national et pancartes, plusieurs centaines de personnes affluaient vers la place Audin. "Etat civil et non militaire", "Non au dialogue avec les corrompus", "Nous n'allons pas nous arrêter, nous sortirons chaque vendredi", "Y en a marre des généraux", "Non à la dictature", "Libérez les détenus", tels sont, entre autres, les slogans scandés ou inscrits sur des pancartes brandies par les manifestants. À Didouche-Mourad, ce sont plusieurs groupes de jeunes manifestants qui déployaient des banderoles réclamant la libération des détenus d'opinion, de Lakhdar Bouregâa et des jeunes ayant brandi le drapeau amazigh. "Ce n'est pas uniquement un préalable pour un quelconque dialogue, mais une obligation, car leur détention est illégale et viole la loi", estime un jeune manifestant venu d'Akbou, qui brandit une pancarte réclamant la libération de Bibi Makhlouf, de Djaoudi Hamza et de Samira Messouci... Concernant l'initiative de dialogue que prône le panel que coordonne Karim Younès, la réponse de la rue a été sans appel. "Pas de dialogue avec ces groupes de malfaiteurs", a répliqué, presque à l'unanimité, la rue. "Nous n'allons dialoguer que sur votre départ", ajoutent des manifestants sur des pancartes qui n'ont pas hésité à s'en prendre, parfois en des termes violents, aux membres du panel, notamment Karim Younès. Ali Benflis, président de Talaie El-Houriat qui a exprimé "sa disposition", à accompagner l'initiative de dialogue et de médiation du panel, en a pris pour son grade. Des manifestants ont exhibé des photos de Benflis avec Bouteflika, Larbi Belkheir et autres dignitaires du régime. La marche d'hier, selon des manifestants, n'a pas failli à la règle. Pour eux, malgré les congés. "Nous sommes des milliers à assurer la permanence avant que tout le monde rejoigne la rue en septembre", a affirmé un manifestant, pour qui "la rentrée sociale sera l'occasion d'en finir avec ce régime". Mohamed Mouloudj