Les enseignants et les ATS de l'université, secondés par des acteurs sociopolitiques, n'ont pas caché leur satisfaction. "On a maintenu intacte la mobilisation durant cet été particulièrement caniculaire. C'est la rentrée sociale et c'est le plus important." Ce sont des centaines de manifestants qui ont battu le pavé, hier, dans les rues de Béjaïa. Les Béjaouis, acteurs politiques et sociaux et simples citoyens, ont rejoint en force la marche hebdomadaire de la communauté universitaire où l'on a remarqué, un retour timide des étudiants, mais aussi des lycéens et des collégiens dont c'est le début des inscriptions. Certains ont expliqué ce renfort des citoyens, des femmes et de quelques jeunes, en réaction au dernier discours du chef d'état-major, Ahmed Gaïd-Salah, qualifié de "virulent, de menaçant et d'agressif". Mais qui, en même temps, sert de catalyseur au mouvement révolutionnaire. Une pancarte résume le sentiment des centaines de manifestants qui ont occupé, hier, bruyamment la rue. "La révolution se mène jusqu'au bout." D'où, sans doute, la forte mobilisation qui a caractérisé la marche du vendredi et celle d'hier. Les enseignants et les ATS de l'université, secondés par des acteurs sociopolitiques, n'ont pas caché leur satisfaction : "On a maintenu intacte la mobilisation durant cet été particulièrement caniculaire. C'est la rentrée sociale et c'est le plus important." Il faut dire, a-t-il ajouté, que les discours du chef d'état-major y sont pour beaucoup. "Chaque fois qu'il fait dans la provocation, il remobilise la rue. Il est un allié objectif du hirak, qu'il dénonce par ailleurs." Aussi, les mots d'ordre et slogans, scandés à tue-tête, lui sont personnellement destinés car jugé comme étant le principal élément de blocage : "La Bedoui, la Bensalah, El-Gaïd Salah machi salah" (Ni Bedoui, ni Bensalah, Gaïd Salah n'est pas l'homme de la situation) ; "La Salah, la Bensalah, e'system, rayah, rayah" (Ni Salah ni Bensalah, le système dégagera assurément) ; "Barakat, barakat min hokm el-îssabate" (On en a assez de ce gouvernement maffieux) ; "Gaïd Salah ya keddab, l'hirak la yobaâ" (Gaïd Salah, le menteur, le hirak n'est pas à vendre). Le protestataires ont réécrit les paroles de la chanson d'Akli Yahiatène, Ya l'manfi (L'exilé), en l'adaptant à la situation : "El-Gaïd, hami el-îssabat, ya l'bandi, hami l'bandyat, habit'ha askaria, n'habouha madania" (Gaïd Salah, le protecteur des bandes maffieuses et des bandits. Toi, tu veux l'Algérie militaire, nous, nous la voulons civile." Ils ont scandé en outre : "Dawla el-kanoun. Machi taâ téléphone" (Nous voulons instaurer un Etat de droit. Et qui ne fonctionne pas par téléphone), "Djazaïr houra demokratia" (Algérie libre et démocratique). Autres cibles des manifestants : Karim Younès et les membres de son panel pour le dialogue ainsi que l'ancien Premier ministre, Ali Benflis. "La hiwar, la chiwar maâ el-îssabate" (Pas de dialogue, ni de concertation avec les bandes maffieuses). Ils ont insisté sur le fait qu'aucun "dialogue ne peut être envisagé avec les serviteurs du système illégitime". Les manifestants ont exigé "la libération immédiate et sans aucune condition de détenus d'opinion, ainsi que celle des otages (allusion au moudjahid Bouregâa, ndlr), arbitrairement incarcérés par les résidus du système en place". Ils ont réitéré aussi leur exigence pour une transition démocratique, "gérée par des femmes et des hommes intègres, loyaux et honnêtes". M. OUYOUGOUTE