Convaincus que le mouvement populaire pacifique est seul garant de la concrétisation des objectifs politiques légitimes dont le départ du chef d'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, et du gouvernement, des centaines de citoyens et de citoyennes ont marqué de leur empreinte ce 23e vendredi malgré une après-midi caniculaire. En dehors des slogans traditionnels scandés et écrits sur les nombreuses pancartes, les nombreux marcheurs que nous avons approchés n'ont pas hésité à exprimer leur rejet catégorique de l'initiative de la délégation des six personnalités conduites par Karim Younès à ouvrir un dialogue avec Abdelkader Bensalah, et ce, pour plusieurs raisons. ‘‘Le hirak ne reconnaît pas l'actuel chef d'Etat par intérim, alors que parmi les six personnalités figurent certaines qui ont déjà fait partie du régime, d'où la défection de sept membres. Le doute est permis. D'ailleurs, alors qu'on s'attendait à un geste d'apaisement pour ce vendredi, nous avons constaté les mêmes scènes avec le renfort sécuritaire. La mauvaise intention du pouvoir était claire. Nous avons eu droit au même comportement des policiers'', nous déclarera l'un des manifestants habituels. Hier, plusieurs femmes ont rejoint la marche qui a pris le départ comme à l'accoutumée devant le siège de la wilaya en direction de la place du 9-Décembre-1960 en empruntant le même itinéraire avec la même détermination et la même ferveur. ‘‘Maranech habsine, koul djemâa rana machyine'', un slogan qui en dit long sur ce dont souffre une population assoiffée de liberté et de justice. La machine de la révolution est mise en marche quelles que soient les conséquences. Les marcheurs ont réclamé le départ de Bensalah, de Bedoui et de Gaïd Salah ; de tout le clan qui tente de résister à la tempête. ‘‘Sawtouna assifa, sawtoukoum kha'ifa" (Notre voix est une tempête, votre voix est peureuse), "Notre voix est réelle, la vôtre est falsifiée", ‘‘La nourid eta'eouilate'' (Nous ne voulons pas de vos interprétations et de vos manœuvres car nos revendications sont claires), "Partez ya el-îssabat, le temps de rendre des comptes est venu", "Ya nidam el ba'atte et votre dialogue n'a aucune garantie'', ‘‘Dawla madania, machi âaskaria'', ‘‘El yed fel yed, ennahou el-îssaba ou n'zidou El-Gaïd'', tels sont les principaux slogans scandés tout le long de l'itinéraire. Arrivée à hauteur de la place du 9-Décembre-1960, la foule s'est donné le mot pour poursuivre la révolution pacifiquement à la même cadence jusqu'à atteindre les principaux objectifs, dont le départ du régime et pas seulement de ses symboles. M. LARADJ