En visite de travail, hier, dans la wilaya de Tamanrasset, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Raouf Salim Bernaoui, n'a pas échappé à la vindicte populaire. Le représentant du gouvernement a été chahuté par les jeunes qui ont scandé des slogans hostiles au système en place. Peu après le départ du cortège de la délégation de la résidence du wali en direction de la commune de Tazrouk où il devait s'enquérir de l'avancement des travaux de réalisation du centre sportif Olympafrica, le ministre a été accueilli au carrefour d'Illamen par une dizaine de citoyens qui ont arboré des écriteaux où l'on pouvait lire : "Vos réalisations dans le Sud consistent en la dilapidation de ses richesses destinées à renflouer vos poches et celles de vos enfants, la concession de ses ressources au profit de vos maîtres et la pollution de ses richesses hydriques rien que pour satisfaire vos alliés", "Dégage, dégage, gouvernement de bricolage", "Un ministre illégitime n'est pas le bienvenu". Raouf Bernaoui, qui a certainement compris qu'il était indésirable dans cette wilaya du Grand Sud, a fait comme si de rien n'était en démarrant en trombe vers le point de visite situé à 270 km du chef-lieu de wilaya. Cependant, à sa grande surprise, la route qu'il devait emprunter était, elle aussi, fermée par des citoyens au lieudit Taberbert, à 7 km du chef-lieu de la commune de Tazrouk, où est érigé le fameux centre Olympafrica. Les habitants de ce village, dépourvu de toutes les commodités de vie, ont saisi la balle au bond pour réclamer leur part de développement et exprimer leur ras-le-bol des promesses sans lendemain et les engagements jamais honorés par les autorités locales. En brandissant une banderole sur laquelle était écrit "Non à la marginalisation", les manifestants, qui se disent victimes d'un ostracisme systématique, demandent la concrétisation de plusieurs projets, notamment ceux liés à l'habitat, à l'électrification rurale, au réseau d'internet et à la réalisation d'un point de vente de gaz butane. Les protestataires demandent aussi la réalisation d'infrastructures sportives, d'un réseau d'assainissement et des digues en mesure de protéger leurs exploitations agricoles des crues des oueds. Le wali de Tamanrasset, Djilali Doumi, a été contraint d'engager un dialogue tambour battant avec les représentants du village qui lui ont remis la liste des problèmes dans lesquels se débat Taberbert depuis belle lurette. Les engagements pris par le chef de l'exécutif ont poussé les manifestants à renoncer à leur action et à se disperser dans le calme. Toutefois, en arrivant à Tazrouk, le ministre de la Jeunesse et des Sports a, de nouveau, été confronté à un autre problème. Le centre qu'on lui avait théoriquement décrit n'est réellement pas le même, en raison du retard accusé dans la réalisation, notamment concernant la piste d'athlétisme, le stade de football et les salles spécialisées. Raouf Bernaoui a lancé un ultimatum à l'entreprise réalisatrice en promettant de revenir en novembre prochain non pas pour s'enquérir des travaux, mais pour la mise en service partielle de l'ouvrage.