Le coordinateur du panel de dialogue et de médiation ne savait pas que le corps électoral serait convoqué dans moins de quinze jours. Au moment de l'annonce, hier, de la date, par le chef d'état-major de l'ANP dans un discours prononcé depuis la 4e Région militaire d'Ouargla, les membres de son instance distribuaient aux partis politiques des copies du rapport préliminaire sur les modes de fonctionnement et les prérogatives de la commission indépendante chargée de l'organisation et de la supervision des élections, ainsi que des propositions d'amendements à introduire dans la loi organique portant Code électoral. Bien que surpris par l'imminence de l'enclenchement du processus électoral, l'ancien président de l'APN nous a assurés que le panel remettra, dans les temps, son rapport final au chef de l'Etat. "À la cadence que nous nous sommes imposée, nous serons prêts", nous a-t-il affirmé. Pourtant, la tâche n'est guère aisée. Notre interlocuteur nous avait déclaré, quelques instants auparavant, que le panel prendra en compte les suggestions des formations politiques et des représentants de la société civile dans la rédaction de la mouture définitive qu'il déposera à la présidence de la République. Pourrait-il réserver quelques jours à cette étape alors que le chrono s'affole quant à l'installation de l'instance d'organisation des élections impérativement avant ou au moment de la convocation du corps électoral ? Probablement pas. D'autant que la procédure est compliquée et l'échéance très courte. Les propositions du panel doivent être consignées dans des avant-projets de loi élaborés par le gouvernement Bedoui, puis entérinés en Conseil des ministres. Les projets de loi seront déposés ensuite au bureau de l'APN, qui les transmettra à la commission des affaires juridiques et administratives pour examen. Une plénière sera convoquée pour débattre des deux projets de texte. La commission des affaires juridiques et administratives aura besoin de temps pour étudier d'éventuels amendements de députés et établir son rapport final. Interviendra alors le vote en séance plénière. La même procédure, à l'exception de la case des amendements, est prévue au Conseil de la nation. Une fois le cadre réglementaire institué par le truchement d'un vote positif de la majorité des membres des deux Chambres du Parlement, il faudra du temps pour désigner les personnalités qui siégeront dans l'instance indépendante d'organisation et de supervision des élections, et dans ses démembrements régionaux. Dans un contexte politique marqué par une insurrection populaire au souffle long, c'est une mission impossible, mais probablement pas pour le régime qui ne se soucie plus vraiment du travail fait dans les normes.