Mohamed Djemaï fera long feu à la tête du parti du FLN. L'actuel secrétaire général de l'ex-parti unique quittera, en toute vraisemblance, son poste, aujourd'hui lors d'une réunion du bureau politique de cette formation. Elu le 30 avril dernier à ce poste en remplacement de Mouad Bouchareb qui occupait le poste de coordinateur du parti, Mohamed Djemaï est arrivé à la tête du FLN dans une conjoncture des plus défavorables à l'ex-parti unique. Une conjoncture faite de révolte populaire contre le système en place et dont le FLN est la cible privilégiée des manifestants qui réclament depuis plusieurs mois sa mise au musée. Mohamed Djemaï devait, face à cette situation, gérer également un appareil putréfié qu'il a hérité de Bouchareb et d'Ould Abbes. L'arrivée du député de Tébessa à la tête du parti n'avait pas ravi les caciques du parti. Plusieurs cadres ont tenté un mouvement de redressement. Toutefois et comme habitués "aux consignes", les frondeurs du FLN ont enterré la hache de guerre face à un Djemaï que d'autres circonstances pousseraient à la porte. Face à la grogne de la rue, Mohamed Djemaï a accumulé les échecs et les sorties ratées. Après ses tentatives avortées de remettre le parti en selle, le SG du FLN s'est illustré par des sorties aussi surprenantes que bizarres. L'exclusion du FLN de tout processus du dialogue, y compris celui prôné par le pouvoir, son compte-rendu à la presse après son entrevue avec l'ambassadeur de Russie à Alger, concernant le probable soutien de l'ex-URSS à la feuille de route du pouvoir comme seule et unique solution à la crise que vit le pays, a surpris plus d'un. Le démenti du diplomate russe n'a pas tardé à remettre Djemaï à sa place. Récemment, lors d'une émission de télévision, visiblement commandée, le chef du FLN n'a pas hésité à surprendre encore une fois, en s'attaquant aux citoyens de sa wilaya, Tébessa, qu'ils a accusés d'être "des contrebandiers". Les réactions n'ont pas tardé à rappeler les innombrables accusations portées contre la famille Djemaï à Tébessa et ses probables liens avec l'activité de la contrebande. Cependant, le règne de Mohamed Djemaï à la tête du FLN risque d'être très vite écourté. La levée de son immunité parlementaire telle que demandée par la justice va accélérer sa chute. Ses soutiens, comme ses détracteurs au FLN, n'ont pas hésité à lui "conseiller" de quitter son poste au parti avant son jugement. Ce renvoi, maquillé en démission qu'il devrait présenter aujourd'hui aux membres du bureau politique, est lié principalement aux affaires de justice pour lesquelles il sera poursuivi une fois son immunité levée. Pour rappel, Djemaï a été élu plusieurs fois député de la wilaya de Tébessa depuis 2002. Il a occupé le poste de vice-président de l'APN à trois reprises et a été également président du groupe parlementaire du FLN. Le départ de Djemaï de la tête du FLN attisera immanquablement les appétits de plusieurs anciens responsables du parti qui sont, depuis leur départ, restés en marge de la vie politique nationale.