Quelques jours après l'installation officielle de l'Autorité nationale indépendante des élections, les premiers candidats commencent à se faire connaître. Sur la douzaine de dossiers déposés jusqu'à hier, une seule retient l'attention : celle d'Ali Benflis. En pleine campagne d'arrestations de personnalités politiques, d'interdictions d'accéder à la capitale, l'ancien Premier ministre dépose un dossier de candidature pour l'élection présidentielle du 12 décembre prochain. Précautionneux comme à ses habitudes, le président de Talaïe El-Houriat a pris le soin de préciser qu'il n'était pas encore définitivement candidat. "En accomplissant cette formalité pour le retrait des formulaires de souscription individuelle, je tiens, néanmoins, à préciser que la question de la participation à cette élection sera décidée lors de la prochaine session du comité central du parti, conformément à son statut et à son règlement intérieur, ainsi qu'au règlement intérieur du comité central", a tenu à préciser le communiqué de l'ancien Premier ministre. Le dépôt du dossier de candidature n'est en réalité qu'une autre étape que franchit Benflis dans sa quête de briguer la magistrature suprême. Cela fait un moment que l'homme, qui s'est souvent présenté dans la peau du principal opposant au régime d'Abdelaziz Bouteflika, n'a les yeux rivés que sur la présidentielle. Avant la convocation du corps électoral, l'homme a publié une contribution médiatique pour estimer que "l'horizon n'a jamais été aussi clair". L'homme, qui n'a pas dénoncé les arrestations d'hommes politiques et l'emprisonnement en masse de manifestants ces derniers temps, ne cesse pourtant de réclamer "des mesures d'apaisement", l'instauration d'un "climat propice" et le rétablissement de "la confiance", avant d'aller à une élection présidentielle, "la voie de sortie de crise la moins risquée et la moins dommageable pour le pays". En attendant de voir clair, l'homme souffle le chaud et le froid. "J'ai un programme de sortie de crise. Et, avec mon parti, nous avons posé plusieurs conditions qui doivent être respectées pour nous permettre d'aller aux élections", a-t-il indiqué dans une vidéo en réponse à un internaute qui lui a reproché de vouloir participer à l'élection présidentielle dans les conditions actuelles. Cependant, ce n'est pas la première fois qu'Ali Benflis affiche son intention de se présenter à l'élection présidentielle avant d'y renoncer. Il avait déjà retiré les formulaires de candidature pour la présidentielle d'avril dernier. Mais il n'avait pas déposé son dossier au Conseil constitutionnel. De toutes les "conditions" posées par Ali Benflis, aucune n'est pour l'instant satisfaite. Alors que tout le monde attendait la démission de Noureddine Bedoui, le Premier ministre est maintenu à son poste au même titre que l'ensemble des membres du gouvernement. Au contraire, à la place des mesures d'apaisement réclamées, le pouvoir fait le contraire. Des personnalités politiques et des manifestants sont arrêtés régulièrement, souvent au mépris des lois de la République. C'est ainsi que Karim Tabbou, Samir Belarbi et Fodil Boumala ont été arrêtés sur la voie publique sans aucun mandat de justice. Ali Boukhlef