En renonçant à se porter de nouveau candidat à l'élection présidentielle, Ali Benflis a fait une analyse profonde de la situation. "Je savais depuis longtemps que les élections n'allaient pas être honnêtes. Toutes les institutions de l'Etat se sont transformées en comité de soutien pour le Président candidat. Comment croire en la régularité du scrutin lorsqu'on voit que le président du Conseil constitutionnel a fait allégeance au Président candidat ?" s'est interrogé Ali Benflis, hier, auu Forum de Liberté. L'ancien Premier ministre fait référence à la déclaration de Tayeb Belaïz, président du Conseil constitutionnel, qui a fait allégeance au chef de l'Etat lors de sa désignation en février dernier à la place de feu Mourad Medelci. Pour le président de Talaïe El-Houriat (Avant-garde des libertés), "il n'y a plus aucune raison d'aller vers ces élections". Pour illustrer cette situation, il donnera l'exemple d'un match de football qui se déroule dans le stade d'une des équipes, avec sa seule galerie et un arbitre choisi par la même équipe. "Le résultat est connu d'avance", a ajouté Benflis. Dès lors, la question ne se pose même pas sur la possibilité de le voir soutenir un autre candidat au cas où Abdelaziz Bouteflika se maintiendrait. "Au-delà des noms, les résultats de l'élection étant connus d'avance, il ne sert à rien de parler d'élections", a insisté Benflis qui réclame des "élections libres et transparentes" afin de donner confiance aux Algériens. Outre la fraude qui se prépare, Ali Benflis a expliqué sa démarche par le soulèvement populaire que connaît actuellement le pays. Selon lui, "le peuple a parlé" et "il faut l'écouter". "Vendredi dernier, j'ai manifesté en tant que père de famille. J'ai même évité de me prendre en photo pour qu'on ne dise pas que j'ai tenté de récupérer. Je suis convaincu que le temps des chapelles politiques est révolu", a-t-il indiqué tout en estimant que son avis "n'est qu'un avis parmi des milliers d'autres" opinions d'Algériens. Interrogé sur les dangers qui peuvent venir de la rue, Ali Benflis estime qu'au contraire, "le danger vient de ces forces extraconstitutionnelles qui accaparent les prérogatives du président de la République. Ces forces de l'argent, qui prennent tous les marchés publics et veulent un autre mandat à blanc sont un véritable danger. Quant au peuple, il a prouvé qu'il est pacifique", a précisé l'ancien candidat à l'élection présidentielle d'avril 2014. Au système qui propose une élection présidentielle anticipée et une conférence nationale, Ali Benflis qualifie la proposition de "dérisoire". "Cette lettre est provocatrice, en ce qu'elle ne contient pas la moindre mesure d'apaisement ou de confiance à la mesure de ce que le peuple exige. Elle a pris la forme et le fond d'une insulte à l'intelligence des Algériennes et des Algériens. Elle a été perçue comme une persistance dans le défi et la provocation", a-t-il indiqué. Il a rappelé que des propositions similaires ont été faites par Abdelmalek Sellal en 2014. Sans résultat. Ali Boukhlef