Ni la fermeture des grands axes routiers menant à la capitale, ni les interpellations, ni le déploiement d'un impressionnant dispositif sécuritaire au cœur d'Alger n'ont entamé la détermination des Algérois à manifester. La mobilisation dans la capitale, hier, à l'occasion du 31e vendredi de protestation contre le système a été grandiose. Des milliers de citoyens sont sortis dans les rues pour afficher leur détermination à poursuivre leur révolution jusqu'à son aboutissement, donnant en même temps une réponse cinglante au chef d'état-major de l'ANP qui, mercredi dernier, depuis Tamanrasset, avait annoncé avoir donné instruction aux gendarmes de filtrer les accès à Alger. Les Algérois se sont mobilisés massivement pour répondre au discours et à la mesure prise par le général Ahmed Gaïd Salah. Ni la fermeture des grands axes routiers menant à la capitale, ni les interpellations, ni le déploiement d'un impressionnant dispositif sécuritaire au cœur d'Alger n'ont entamé la détermination des Algérois à manifester. Bien au contraire. Les premiers groupes de manifestants ont commencé à se former à la mi-journée. Au fil des heures, c'est quasiment l'ensemble des grandes artères qui étaient noires de monde. Une fois encore, et plus que les vendredis précédents, le chef d'état-major de l'armée a été la cible des manifestants. "Le peuple veut la destitution de Gaïd Salah", "Libérez nos enfants", "Ni Gaïd ni Bensalah, le peuple veut l'indépendance de l'Algérie", ou encore : "Ecoutez, Gaïd, Etat civil et non militaire". Ce sont, en effet, autant de slogans ayant ciblé ouvertement le chef d'état-major et homme fort du pouvoir qui ont été scandés le long de cette manifestation grandiose, assimilée à celle du 22 février dernier de par son ampleur. La forte mobilisation et la détermination des manifestants ont empêché les interpellations et les arrestations. En effet, hormis les tentatives d'intimidation constatées dans la matinée, il n'y a pratiquement pas d'intervention de la police à signaler. L'appel à l'élection présidentielle lancé par le pouvoir a été par ailleurs, comme vendredi passé, l'autre fait qui a cristallisé la colère des manifestants. "Si vous voulez des élections, allez les organiser aux Emirats", ont scandé les manifestants, manière de dénoncer subtilement la connexion des tenants du pouvoir avec les dirigeants de ce pays de la péninsule Arabique. "Il n'y aura pas de vote avant le départ de Gaïd et de Bensalah, même si vous nous tirez dessus", "Même si vous nous mettez tous en prison, nous n'allons jamais abdiquer", ou encore le refrain : "Makanch intikhabat mâa l'îssabat" (Pas d'élections avec la bande) sont les autres slogans adoptés par le peuple pour exprimer son rejet catégorique de l'élection présidentielle annoncée pour le 12 décembre prochain. Evidemment, la manifestation était aussi l'occasion de réclamer la libération des détenus d'opinion et des dizaines de manifestants arbitrairement jetés en prison. Cette énième réponse, sans ambages, du peuple devrait donner à réfléchir aux tenants du pouvoir. À signaler par ailleurs que plusieurs militants de l'opposition, a priori ciblés par la vague d'arrestations, ont participé à la manifestation d'hier. à noter que la police a, de nouveau, opéré hier des arrestations parmi les manifestants au centre d'Alger, dont on ne connaît pas le nombre pour le moment. L'avocat Abdelhak Mellah du barreau de Boumerdès a, lui aussi, été interpellé par les services de sécurité à Alger, avant d'être libéré en fin de journée, selon des informations publiées par son confrère Abdelghani Badi, sur son compte Facebook. Farid Abdeladim