C'est un non catégorique qu'ont opposé, hier, sous un soleil de plomb, les Annabis à l'invitation au dialogue lancée par le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah. Moins nombreux que durant les autres marches du vendredi, en raison des départs en vacances, mais plus que jamais déterminés à se débarrasser du système, les manifestants ont scandé "Makanch intikhabat, makanch hiwar mâa el issabat !" (Pas d'élections ni de dialogue avec les malfaiteurs !). Un message de défiance adressé surtout au général-major Ahmed Gaïd Salah, suspecté de vouloir instaurer une dictature militaire ou à tout le moins de faire reprendre les rênes du pays par les mêmes hommes du régime honni. Outre les "Yarahlou ! Yarahlou !" (Qu'ils dégagent ! Qu'ils dégagent ! ) adressés aux anciens membres du gouvernement et repris à tue-tête par les marcheurs qui arpentaient les rues du centre-ville, nombreux étaient ceux qui criaient "Echaâb la yourid houkm el âaskar min jadid !" et "Dawla madania machi âaskaria". Fait nouveau dans la marche d'hier, l'apparition de slogans à consonance islamiste tels que "La Illah ila Allah Gaïd Salah âabdou Allah" ou encore cet étrange "Magharibya sawt el ahrar" (à traduire par El-Magharibya, la chaîne satellitaire, porte-parole des hommes libres), un mot d'ordre qui détonnait avec les revendications habituelles du hirak. On notera aussi que les policiers en civil et en uniforme se sont tenus à l'écart de la manifestation pacifique de ce 23e vendredi. A. Allia