Les intimidations, les arrestations, les accusations de trahison, la désinformation ont échoué devant la farouche volonté des étudiants. La communauté universitaire a renouvelé, hier, son rejet de l'élection présidentielle et du régime politique en place, et aussi son attachement au projet national porté par la révolution pacifique depuis le 22 février. En effet, la mise sous mandat de dépôt des trois manifestants arrêtés lors d'un rassemblement pacifique n'a fait qu'exacerber la détermination des étudiants en ce 30e mardi de mobilisation. À cet effet, ils ont scandé des slogans témoignant de la large solidarité avec les victimes des atteintes aux libertés. À l'unisson, ils ont répété : "Libérez Hacène, libérez Mohamed, libérez Tahar." En empruntant l'itinéraire habituel, les manifestants ont fulminé : "Makanch l'vote, wallah ma ndirou, Bedoui wa Bensalah lazem itirou. W'idha b'erressas hebbitou ettirou, wallah marana habssine" (Pas de vote, nous n'y participerons pas, Bedoui et Bensalah doivent partir. Même si vous devez nous tirer dessus, nous ne nous arrêterons pas), "Makanch l'vote ya s'hab el-kaskrot" (Adeptes du casse-croûte, il n'y aura pas de vote), "Pas d'élection avec les traîtres", "Gaïd Salah dégage", "Makanch intikhabat mâa el-îssabat" et "Asmaâ ya l'Gaïd, dawla madania machi âaskaria" ou encore "Gaïd Salah, dez mâahoum, intikhabat ghir enssahoum". Pour sa part, le chef d'état-major de l'armée, cible des manifestants depuis plusieurs semaines, n'a pas été épargné. Hier encore, il a été pointé du doigt sans répit : "Gaïd Salah dégage", "Dawla madania, machi âaskaria". Les slogans les plus scandés étaient une réponse cinglante au calendrier électoral qu'il a suggéré et au discours politique ambiant du pouvoir : "Gaïd Salah dégage", "Asmaâ ya l'Gaïd, dawla madania machi âaskaria" ou encore "Siada chaâbia, marhala intiqalia" (Souveraineté populaire, période transitoire). Les étudiants n'ont pas oublié les détenus d'opinion, notamment Karim Tabbou, porte-parole de l'Union démocratique et sociale (UDS). À ce titre, ils ont repris en chœur : "Allah Akbar, Karim Tabbou", "Libérez khawetna ou jibou ouled el-Gaïd" (Libérez nos frères et ramenez les enfants de Gaïd Salah), "Libérez Bouregâa" ou encore "Adala betilifoun, el-Gaïd wela feraoun" (Justice du téléphone, Gaïd est devenu un pharaon). Devant le siège de l'UGTA, les étudiants ont scandé : "Klitou lebled ya sarakin." Devant la cour de justice et le tribunal de Constantine où des haltes ont été également observées, les manifestants ont pointé du doigt le chef d'état-major de l'armée, reprenant en chœur : "Sahafa horra, adala moustakila" (Presse libre, justice indépendante), "Libérez Bouregâa". La communauté universitaire, accompagnée de nombreux citoyens, a organisé un débat sur l'élection présidentielle souhaitée par le chef d'état-major de l'armée, mais unanimement rejetée par les marcheurs.