Pour ce 45e samedi de mobilisation des Gilets jaunes, les mêmes scènes de chaos ont marqué la manifestation de Paris. Du côté des autorités, le gouvernement estime qu'il a suffisamment répondu aux revendications des Gilets jaunes. Des incidents ont éclaté hier après-midi au cœur de Paris lorsqu'une marche pour le climat a été infiltrée par un millier de militants Black Blocs (aile radicale des Gilets jaunes) qui ont incendié des poubelles et saccagé des magasins. La journée était tendue dans la capitale française où se tenaient simultanément plusieurs manifestations : outre la marche pour le climat, une manifestation de Gilets jaunes opposés à la politique sociale et fiscale du gouvernement et un défilé contre un projet de réforme des retraites. En début d'après-midi, 123 personnes avaient été interpellées et 174 verbalisées dans les zones où il était interdit de manifester, selon la préfecture de police. Au centre des tensions, le boulevard Saint-Michel, dans le quartier latin estudiantin où des militants radicaux ont jeté des projectiles sur les forces de l'ordre avant de s'en prendre à une agence bancaire. Les gendarmes ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène, contraignant une partie des marcheurs à rebrousser chemin, un peu avant 13h GMT. Du matériel urbain a été dégradé et des poubelles incendiées, avant que n'interviennent les pompiers. "Exactions en cours par des individus violents (...). Désolidarisez-vous des groupes à risques", a tweeté la préfecture. Les participants à la marche pour le climat, au nombre de plusieurs milliers, répondaient à l'appel de nombreuses ONG, au lendemain d'une "grève mondiale pour le climat" historique, même si la mobilisation n'a pas été très forte en France, réunissant un peu moins de 10 000 personnes dans la capitale, selon un comptage du cabinet Occurrence pour des médias. Ailleurs en France, d'autres événements avaient eu lieu. À Paris, quelque 7 500 membres des forces de l'ordre ont été déployés, assistés de canons à eau et de véhicules blindés de la gendarmerie. Des quartiers entiers du centre de la capitale étaient quadrillés de patrouilles, des policiers en uniforme et en civil contrôlant et fouillant massivement les personnes présentes. Dans le prestigieux quartier des Champs-Elysées, cible de saccages au cours de précédentes manifestations de Gilets jaunes, certains commerces s'étaient barricadés derrière des protections en bois. Aux "dispersez-vous" de la police, certains répondaient "cassez-vous" ou "tout le monde déteste la police". "Nous sommes traités comme des criminels", s'est énervée Brigitte, militante écologiste. Hier aussi a été marqué par l'ouverture des Journées du patrimoine, qui attirent chaque année des dizaines de milliers de visiteurs. Par mesure de précaution, certains monuments étaient toutefois fermés, comme l'Arc de Triomphe, sérieusement dégradé en décembre par des manifestants. R. I./Agences