Selon une note de la direction du renseignement de la Préfecture de police, 30.000 personnes sont attendues aujourd'hui dans la capitale française. Jamais depuis mai 1968, les Français n'ont été confrontés à un mouvement social aussi massif. Les autorités redoutent, en effet, que des militants de l'ultra-droite et de l'ultra-gauche «tentent une action médiatique, en fin de journée, en direction du Palais de l'Elysée». Le 17 novembre, environ 290.000 personnes avaient bloqué les axes de circulation un peu partout en France, pour protester notamment contre la hausse du prix du carburant. Une semaine plus tard, les manifestants entendent remettre la pression sur le gouvernement en se rassemblant samedi à Paris. A quoi faut-il s'attendre ? 20 Minutes fait le point. Selon une note de la direction du renseignement de la Préfecture de police de Paris, que s'est procurée 20 Minutes, 30.000 manifestants sont attendus samedi. Parmi eux, 100 à 200 chauffeurs VTC, une dizaine de taxis et une dizaine de routiers. Selon ce document, les gilets jaunes ont prévu de se rassembler dans trois lieux de la capitale. Dès 8h, ils pourraient se rassembler place de la Concorde à l'appel des représentants du mouvement du Val-de-Marne et du Val-d'Oise. L'après-midi, à partir de 14h, un rassemblement est prévu place de la Bastille à l'appel des gilets jaunes parisiens. En outre, le Parti des citoyens européens et l'Association internationale sans but lucratif du droit belge propose aux manifestants de se réunir au Champs-de-mars afin de «demander le développement de dessertes ferroviaires en zone rurale, une meilleure gestion des autoroutes et des biens communs en général». La DRPP souligne également que des blocages ont été annoncés sur Internet, place de l'Etoile, dans le 8e arrondissement et porte Maillot, dans le 16e arrondissement. Enfin, l'un des initiateurs du mouvement des gilets jaunes, Frank Buhler, a appelé les manifestants à «parcourir la totalité des rues de la capitale à pied, à cheval et en voiture. Répartissez-vous dans toute la ville», a-t-il lancé dans une vidéo publiée mercredi sur sa page Frank Buhler – Blog politique – Patriosphère Infos, visionnée plus de 258.000 fois jeudi matin. Dans un communiqué, la Place Beauvau a assuré qu'il n'était «évidemment pas question d'interdire la manifestation» annoncée samedi à Paris. «Il est en revanche exclu qu'elle se déroule place de la Concorde, pour d'évidentes raisons de sécurité», ont expliqué ce jeudi le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, et son secrétaire d'Etat, Laurent Nunez. Ils proposent en revanche que les gilets jaunes se réunissent sur l'esplanade du Champ-de-Mars, près de la Tour Eiffel. Quels sont les risques ? Les policiers du renseignement redoutent la venue d'une centaine de militants de l'ultra-droite et de 100 à 200 militants d'ultra-gauche. «Ils pourraient tenter une action médiatique en fin de journée en direction du Palais de l'Elysée, du siège des institutions, provoquer les forces de l'ordre ou dégrader les commerces», préviennent-ils dans cette note, datée du 22 novembre. «Un dispositif de sécurité sera mis en place pour protéger les lieux sensibles de la capitale», ont indiqué dans un communiqué le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, et son secrétaire d'Etat, Laurent Nunez. Aujourd'hui, «la réponse judiciaire sera intraitable en cas de troubles», ont-ils ajouté. Il faut dire que le ministère de l'Intérieur s'inquiète des «violences et dégradations perpétrées ces derniers jours» en marge des rassemblements des gilets jaunes. Selon les chiffres communiqués ce jeudi par la Place Beauvau, deux personnes sont décédées et 620 autres ont été blessées, dont 18 grièvement depuis le début de la mobilisation. En outre, 136 policiers et gendarmes ont été blessés depuis le 17 novembre. Enfin, 879 personnes ont été interpellées et 693 placées en garde à vue. Dans une note rédigée la semaine dernière, consultée par 20 Minutes, le SCRT (Service central du renseignement territorial) avait identifié depuis plusieurs jours quelques «éléments à risques» susceptibles de prendre part au mouvement des gilets jaunes. Ces personnes sont issues notamment de la mouvance d'ultra-droite et d'ultra-gauche. Selon nos informations, ces derniers sont notamment suspectés par les gendarmes d'avoir saccagé un péage sur l'A10, à Virsac, près de Bordeaux. En raison de l'appel au rassemblement des gilets jaune Place de la Concorde, une grande marche contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes, qui devait partir de la Place de la Madeleine samedi à 14h, partira finalement de celle de l'Opéra. Plusieurs militantes féministes ont demandé sur les réseaux sociaux aux gilets jaunes de reporter leur mobilisation, ou de garantir l'accès aux lieux des manifestations contre les violences.