À travers l'histoire de la création du festival DimaJazz, son ambiance et les monstres sacrés du jazz mondial qui se sont produits sur sa scène, SAS diffuse un message d'espoir en ces temps d'incertitude, preuve que des choses belles, portant un vrai message, peuvent être réalisées. À la faveur de la deuxième soirée de projection des Rencontres cinématographiques de Béjaïa, qui se tiennent jusqu'au 26 septembre à la Cinémathèque de la ville, le réalisateur Sid-Ahmed Semiane a offert au public bougiote un véritable petit bijou musical et esthétique, une réelle déclaration d'amour pour la musique en général, le jazz en particulier. Face à la caméra de Semiane, défilent tour à tour Alpha Blondy, de jeunes rappeurs aux paroles crues, Billy Cobham, l'ingénieur du son de Cheikh Raymond, Ahmed Benkemouche, Fabrizio Cassol ou encore Michel Alibo. Mais l'acteur et protagoniste principal reste le festival DimaJazz, créé pourtant au début des années 2000, comme pour défier l'intégrisme. Ce film musical est un hommage de ce mélomane, tour à tour écrivain, journaliste et parolier, qui s'est de tout temps, sous différentes formes d'art ou d'écriture, intéressé à la musique. À travers l'histoire de la création du festival DimaJazz, son ambiance et les monstres sacrés du jazz mondial qui se sont produits sur sa scène, SAS diffuse un message d'espoir en ces temps d'incertitude, malgré la répression, il est la preuve que des choses belles, portant un vrai message, peuvent être réalisées. Babylone, au-delà de la déclaration d'amour à la musique et aux musiciens, filmés en pleines répétitions dans des moments de plénitude extatiques, plus vrais peut-être que lorsqu'ils montent sur scène, est un véritable bijou esthétique qui fait appel à tous les sens du spectateur. Passant des grandes stars du jazz comme Alpha Blondy et ses discours sur le conflit palestino-israélien, aux raps d'un jeune Constantinois à la verve acerbe, ces fragmentations mettant en opposition plusieurs générations et genres musicaux se complètent finalement pour converger vers un message de tolérance, transmis par des hommes de différentes cultures et sensibilité. Puis, dans un moment intimiste, presque silencieux, on se retrouve dans la petite boutique de aâmi Ahmed Benkemouche, qui garde précieusement des bandes-son de l'ancienne radio Constantine, renfermant des décennies de patrimoine musical algérien. Dans un sursaut prémonitoire, le vieux au tempérament indomptable confie ses craintes au réalisateur quant au devenir de ses bobines : si je meurs qui les préservera ? Quelques années plus tard, aâmi Ahmed s'en est allé, mais le sort du précieux legs est inconnu, a confié, lors du débat, le réalisateur. "Dommage qu'il n'ait pas vu le film, il avait des problèmes avec la femme qui lui louait le magasin. Malheureusement, je ne sais pas ce que sont devenues ses bobines." Derrière le titre de son documentaire aussi, Semiane traite du Babylone des cultures rasta et reggae en Jamaïque, devenu le nom des forces répressives souvent repris dans le répertoire musical de ses jeunes musiciens, un clin d'œil aussi à la jeunesse algérienne et le peuple "qui vit dans un système répressif", a renchéri SAS. Y. A.