Le Conseil de l'Aiea, réuni d'urgence à Vienne, devait adresser, hier, un ultimatum pour que l'Iran, qui défie la communauté internationale, abandonne ses activités nucléaires et continue à négocier avec les Européens. Cependant, la menace d'une saisine du Conseil de sécurité des Nations unies en vue de sanctions internationales, est repoussée à une nouvelle réunion, devait-on déclarer au sein de l'Agence internationale de l'énergie atomique. L'Iran, soulignant son droit à développer du nucléaire pacifique d'après le Traité de non-prolifération (TNP), a rompu la suspension des activités liées à l'enrichissement de l'uranium, qu'il avait décidée depuis novembre 2004, en accord avec l'Union européenne. Malgré les exhortations de Londres, Berlin et Paris qui, rejoignant les appréhensions de Washington, craignent que ce combustible puisse ensuite servir à la bombe nucléaire. Le Conseil des gouverneurs, l'exécutif politique de 35 Etats de l'Aiea, est habilité à transférer le dossier au Conseil de sécurité. Alors que les capitales occidentales parlent d'une crise grave créée délibérément par l'Iran, l'Aiea temporise. Pour donner le temps à la troïka européenne de préparer un texte de résolution “acceptable” pour les autres Etats, notamment la Russie, la Chine et les Non-Alignés. La résolution de consensus devrait ne pas trop singulariser l'Iran, surtout en cette phase de déferlante terroriste. Même Bush, qui n'avait de cesse de menacer Téhéran de frappes aériennes, se montre plus prudent et moins belliqueux. Washington se contente d'appuyer les efforts diplomatiques européens. Bush a trop à faire en Irak où il est menacé de débâcle. Israël, par contre, presse les Etats-Unis et l'UE de ne pas faire preuve de faiblesse dans l'épreuve de force engagée avec l'Iran, se proposant même d'être aux premières lignes d'un éventuel envahissement de l'Iran ! L'Aiea, qui surveille les activités iraniennes depuis février 2003 à la suite de la découverte d'activités nucléaires clandestines sur 18 ans, a confirmé la remise en route du programme iranien. D. B.