L'Irak exsangue doit faire face également à des problèmes dans ses frontières avec le Koweït et l'Iran. Le Premier ministre irakien a reconnu que son pays a fait usage de tirs d'obus de mortier sur le territoire du Koweït, tout en essayant de minimiser cette crise des frontières. Le 2 août, le Parlement irakien avait accusé le Koweït de multiplier les violations de la frontière entre les deux pays, lors d'un débat qui s'est déroulé le jour du 15e anniversaire de l'invasion par les troupes du président irakien déchu, Saddam Hussein, de l'émirat voisin. Selon le Koweït, un obus de mortier a été tiré le 26 juillet d'Oum Qasr, sud de l'Irak, en direction du côté koweïtien de cette ville portuaire, au lendemain d'une manifestation de centaines d'Irakiens, qui avaient détruit une barrière en métal érigée par les Koweïtiens, en affirmant que cette clôture empiétait sur leur territoire. Les comptes entre les deux pays sont loin d'être soldés. D'autre part, la situation n'est guère reluisante avec le voisin iranien, avec lequel pourtant la visite remarquée du Premier ministre irakien avait laissé entendre que la hache de guerre était enterrée et que les deux pays, que le chiisme rattache, allaient plutôt organiser des relations fraternelles et stratégiques. Le ministre irakien de l'Intérieur a fait état, hier, de deux incidents à la frontière avec l'Iran sans évoquer l'utilisation de bombes iraniennes dans des attaques en Irak, révélées par la presse de Bagdad. Seuls deux incidents ont eu lieu ces trois dernières semaines. Dans le premier, un officier et un soldat des gardes-frontières iraniens ont effectué une incursion à moto de mille mètres en territoire irakien, a déclaré le ministre, un chiite, devant le Parlement réuni à Bagdad. Ils ont été arrêtés pour être interrogés. Dans le second, un groupe de personnes a été intercepté en territoire irakien avec des caisses chargées de bâtons de dynamite et de fils, a indiqué le ministre, confirmant un échange de coups de feu et la fuite des intrus. Le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, a, quant à lui, affirmé que des armes venant, sans aucune ambiguïté, d'Iran avaient été trouvées en Irak et qu'en laissant de telles armes traverser la frontière, Téhéran n'était pas d'une grande aide. Washington, inquiet par la reprise des activités nucléaires iraniennes, envisage de traduire Téhéran devant le Conseil de sécurité. La suite est prévisible, sauf que l'Iran n'est pas l'Irak de Saddam. Ces bruits de bottes aux frontières de l'Irak n'augurent rien de bon pour le pays, victime quotidiennement d'attentats terroristes très meurtriers. D. B.