"L'indifférence est un parti pris." Le mot d'ordre barrant la pancarte a, semble-t-il, fait son effet : une manifestation pacifique décidée à la hâte, la veille, a pu mobiliser la communauté malgré la pluie et le mauvais temps. À l'appel diffusé sur les réseaux sociaux par le Collectif de Kabyles de Montréal, un conglomérat sans attache politique ou idéologique, des dizaines de personnes ont marché, samedi à Montréal, pour dénoncer la répression et la violence policières qui se sont abattues sur la marche traditionnelle du 20 Avril à Tizi Ouzou. La manifestation a débuté par un rassemblement au carré Saint-Louis où des prises de parole ont été improvisées pour rappeler le contexte de la mobilisation. La procession humaine s'est ensuite ébranlée en direction du consulat général d'Algérie à Montréal via la rue Sherbrooke (environ 1 km). La marche silencieuse au départ est devenue bruyante une fois arrivée devant l'édifice abritant le consulat, rue Saint-Urbain. Les manifestants ont brandi un fouillis de pancartes et de banderoles rappelant la littérature du combat démocratique et identitaire. "Halte à la répression", "Libérez les détenus", "Non à l'impunité", "Jugez les assassins", tels sont, entre autres, les slogans transcrits sur les pancartes de la protestation. Devant le consulat, la foule compacte, arborant le drapeau amazigh, a commencé à scander des slogans de la même veine. "Ulac smah ulac", "Y en a marre de ce pouvoir", scandent à gorge déployée les manifestants au milieu desquels une jeune fille exhibe une pancarte dont le slogan est lourd de sens : "L'indifférence est un parti pris." "Ya Lounès, mazal-nnegh d Imazighen." (Lounès, allusion à Matoub, nous sommes toujours des Berbères), chantent à tue-tête les manifestants mobilisés pour dénoncer "une violence gratuite" de la police. Nous avons remarqué la présence de militants qui ont usé leurs souliers lors des marches similaires à Tizi Ouzou et Alger, durant les années 1980 et 1990. En revanche, la plupart des animateurs du comité Barakat de Montréal, créé dans le sillage du rejet de l'élection présidentielle du 17 avril, ont brillé par leur absence. Ce qui a laissé pantois certains manifestants qui n'ont pas manqué de dénoncer "une mobilisation sélective", alors que ce qui s'est passé, le 20 Avril à Tizi Ouzou, devrait interpeller tout le monde, au-delà des contingences politiques. À la fin du rassemblement, les organisateurs qui se sont succédé au micro ont insisté sur la nécessité de maintenir la mobilisation, dès lors que le combat pour la démocratie et tamazight continue... Y. A. Nom Adresse email