"La capacité de l'économie à réduire la pauvreté (ou la vulnérabilité) peut se trouver limitée du fait des faibles taux de croissance économique et du taux de chômage toujours élevé", note la BM. Les prévisions économiques de la Banque mondiale pour l'Algérie sont pessimistes. La Banque mondiale (BM), qui a publié mercredi son rapport de suivi de la situation économique, soutient que "l'incertitude politique devrait entraîner un ralentissement du secteur hors hydrocarbures en 2019". Des dirigeants d'entreprise de divers secteurs, constate la Banque mondiale, "ont été arrêtés dans le cadre d'enquêtes sur des affaires de corruption, ce qui a eu pour effet de perturber l'économie en raison de changements soudains dans la direction et la supervision de ces entreprises, ainsi que de l'incertitude planant sur les investissements". Dans le secteur des hydrocarbures, estime le rapport, "l'incertitude politique atténuera l'espoir d'une augmentation de la production, la révision de la loi sur la fiscalité des hydrocarbures étant retardée". Conséquence : la croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait se ralentir à 1,3% en 2019, prévoit la BM, relevant que "l'incertitude électorale et les enquêtes de corruption ont entamé la prévisibilité du cadre d'activité des entreprises". La croissance du PIB a atteint 1,5% au premier tri- mestre de 2019. L'institution de Bretton Woods table sur une croissance de 1,9% en 2020 et de 2,2% en 2021. Le rapport estime, également, que la période préélectorale risque de retarder davantage le processus d'assainissement budgétaire programmé pour l'année en cours, aggravant le déficit budgétaire à 12,1% du PIB et augmentant le risque d'un ajustement plus brutal à l'avenir. Sur le plan extérieur, le déficit du compte courant devrait se creuser pour atteindre 8,1% du PIB, en raison d'un déficit commercial nettement plus important. "La découverte récente d'un nouveau champ gazier laisse entrevoir un rebond de la production et des exportations de gaz, mais uniquement à moyen terme, et si et seulement si le cadre d'investissement dans les hydrocarbures s'y prête", soutient la Banque mondiale. Cette dernière estime que "la capacité de l'économie à réduire la pauvreté (ou la vulnérabilité) peut se trouver limitée du fait des faibles taux de croissance économique, du taux de chômage toujours élevé et de l'incertitude des politiques publiques". Comme le cours des événements politiques devrait avoir une incidence sur l'activité économique, la BM s'attend à ce que davantage de ressources soient affectées aux mesures sociales, au détriment des dépenses d'investissement public. Par ailleurs, l'activité et les investissements du secteur privé subiront les effets des perturbations politiques et d'un climat des affaires défavorable, ainsi que des perturbations causées par les retards de paiement des travailleurs dans plusieurs branches d'activité industrielle. "La conjugaison du niveau élevé du prix d'équilibre budgétaire du pétrole (estimé à plus de 100 dollars) et du retard du processus d'assainissement budgétaire rend le pays vulnérable à la nouvelle volatilité des prix du pétrole et à un affaiblissement de l'économie mondiale", relève l'institution de Bretton Woods. "Dans ce contexte, la politique budgétaire doit être ancrée, sur le plan opérationnel, dans un cadre à moyen terme afin de protéger l'économie de la volatilité des prix du pétrole", suggère-t-elle. La Banque mondiale avertit que "le retardement de la sortie de l'impasse politique et l'incertitude politique pourraient nuire davantage à l'économie du pays, ce qui entraînerait une augmentation des importations et un amenuisement accru des réserves de changes".