Le ministère du Commerce voulait faire de l'exercice 2019 l'année des exportations hors hydrocarbures (EHH), mais son objectif s'est aussitôt avéré irréalisable à cause de la conjoncture politique que traverse en ce moment le pays et qui est peu propice à l'investissement. La tutelle avait affiché son ambition d'engranger durant l'année en cours quelque 5 milliards de dollars grâce à ces exportations hors hydrocarbures, mais force est de constater que le montant ne dépasserait pas in fine les 2 milliards de dollars. Il a été révélé, lors du séminaire organisé récemment sur la Zone de libre-échange africaine (Zlecaf), que l'Algérie exporte moins de 5% de l'ensemble de sa production. Les 95% des exportations algériennes sont essentiellement des hydrocarbures. Les pouvoirs publics sont tenus donc de renverser cette tendance en augmentant le volume des autres produits à exporter en dehors du pétrole et du gaz. Les opérateurs qui ont pour habitude d'exporter, demandent que l'on dote leurs sociétés d'un statut particulier. Ce sont, en fait, les entreprises qui exportent à 100% leur production. À cette catégorie de PME, les responsables du secteur doivent accorder des avantages liés, entre autres, à la fiscalité, aux facilitations, à un meilleur accompagnement… Ils réclament aussi que le soutien du fonds spécial pour la promotion des exportations dédié au transport soit revu à la hausse de 50%, tel que pratiqué actuellement, à 80% comme appliqué par les autres pays. En termes plus clairs, il s'agit de libérer l'acte d'exporter du joug de la bureaucratie. Car, en ces temps de crise, l'Algérie a besoin de toutes les entreprises capables de relever ce défi d'aller à la conquête de marchés extérieurs et faire bénéficier le pays d'entrées en devises. Et l'Afrique, avec l'entrée en vigueur de la Zlecaf, constitue une opportunité, voire un business sûr, d'autant plus que les produits algériens sont, selon les dirigeants de cette zone et de nombreux pays africains, d'un bon rapport qualité/prix. Les producteurs qui prennent part aux foires et aux expositions programmées régulièrement sur le continent, enregistrent une forte demande de leurs produits. "Si les opérateurs continuent d'avancer dans ce sens et tentent, à chaque fois, d'arracher des niches sur ce marché, les institutions, en revanche, demeurent à la traîne", avoue Abdelwahab Ziani, patron de l'entreprise "Arômes d'Algérie". Outre l'ouverture d'agences bancaires algériennes dans cette zone, la diaspora doit être également sollicitée, afin d'accomplir son rôle de facilitateur et d'intermédiaire pour ce type d'échanges. De par leur compétence et leur expérience dans le domaine, les attachés commerciaux des ambassades doivent être désormais sélectionnés auprès des entreprises, afin de pouvoir s'acquitter convenablement de la mission que l'Etat algérien leur a assignée. Jusque-là, les personnes recrutées au sein de nos représentations diplomatiques à l'étranger ont montré leurs limites en matière de concrétisation de partenariats ou d'investissements directs (IDE) au profit de leur pays. Il ne faut pas écarter, en outre, l'idée de faire intervenir, dans ce cadre, les responsables au sein des pays africains, notamment ceux ayant suivi leur cursus en Algérie. L'autre proposition soumise par le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa) a trait à l'utilisation d'un port sec dans la capitale et à la mise en place un guichet unique qui regroupera toutes les institutions concernées et les diverses organisations dont la Chambre de commerce, l'Anexal (l'Association des exportateurs), l'Algex (assurances), les banques et les services des douanes formés pour l'export, ainsi que les conseillers à la logistique. "Cette solution pourra couver quelques entreprises à l'exportation qui feront des émules par la suite", indique M. Ziani. L'ouverture de la route qui va désenclaver les trois pays voisins, à savoir le Niger, le Mali et le Tchad, servira, par ailleurs, d'atout majeur pour développer davantage les échanges commerciaux entre producteurs algériens et tous ceux activant dans ce futur espace commercial libre.