Des appels à la remobilisation sont lancés sur les réseaux sociaux par les étudiants de différentes universités de plusieurs régions du pays, après le signal de reprise de la contestation estudiantine venu de l'université de Bouira. Limitée depuis les vacances d'été aux seules grandes villes du pays, à savoir Alger, Oran, Constantine, Béjaïa, Tizi Ouzou et Annaba, la manifestation hebdomadaire des étudiants contre le système s'étend, depuis la reprise des cours, progressivement à d'autres agglomérations du pays. Cette tendance à la remobilisation de la famille universitaire s'affirme davantage à l'approche de l'élection présidentielle du 12 décembre, mais aussi à la veille de la date symbolique du 1er Novembre marquant l'anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale en 1954. Une occasion que les Algériens voudraient mettre à profit pour donner un nouveau souffle à la révolution du 22 février. L'objectif étant de libérer le pays, cette fois-ci, du joug non pas du colonialisme, mais du système qui lui a été substitué depuis… l'indépendance. Le signal de reprise de la mobilisation estudiantine est venu de l'université de Bouira où les étudiants ont tenu, avant-hier, une assemblée générale. À l'ordre du jour, il était question d'"élaborer un plan d'action pour donner un second souffle à leur mouvement, notamment les marches du mardi contre le système". Des appels à la remobilisation sont, par ailleurs, lancés sur les réseaux sociaux par les étudiants de différentes universités de plusieurs régions du pays. Le rejet de l'élection et le départ de l'ensemble des symboles du système, réclamés par la grande majorité du peuple, l'incarcération des manifestants du hirak, mais aussi la promulgation par le gouvernement de la très controversée loi sur les hydrocarbures ou encore la répression féroce dont avaient fait l'objet, il y a deux semaines à Alger et à Bordj Bou- Arréridj, les marches estudiantines, sont d'autres raisons motivant davantage les étudiants à se remobiliser. Il y a ainsi fort à parier que les étudiants sortiront en masse et dans plusieurs villes du pays, aujourd'hui, à l'occasion du 35e mardi des manifestations estudiantines hebdomadaires lancées depuis le déclenchement de la révolution du 22 février. Le retour au "calme" lors du 34e et dernier mardi, après la répression des marches du mardi d'avant, laquelle avait suscité la solidarité au niveau national, est, naturellement, vécu comme une victoire arrachée par les étudiants. Ce qui devrait ajouter une dose supplémentaire de détermination aux étudiants pour investir les rues de plusieurs villes aujourd'hui. Aussi, et comme chaque mardi, les citoyens se joindront certainement à l'action estudiantine. Cela, d'autant plus que ces manifestations interviennent, cette fois-ci, à la veille de la marche nationale des avocats, annoncée pour après-demain, jeudi. Mieux encore, les marches estudiantines coïncident avec l'ouverture, aujourd'hui au tribunal de Sidi M'hamed, à Alger, des procès des manifestants incarcérés, dans leur majorité, pour le seul tort d'avoir porté l'emblème amazigh lors des manifestations contre le système. Voilà qui pourrait, également, enflammer davantage les manifestations. Les campus, faut-il le rappeler, ont joué un rôle prépondérant dans le mouvement du 22 février. Les étudiants ont maintenu la flamme de la protestation, alors que le reste des corporations ont vu leur engagement fléchir après la grande mobilisation des premiers temps du hirak. La remobilisation de la communauté universitaire dénote aussi la justesse d'une révolution qui a subjugué le monde, tant par son endurance que par son caractère pacifique. D'ailleurs, même si les provocations n'ont pas cessé tout au long des huit mois de mobilisation, les étudiants sont restés pacifiques à chacune de leur sortie dans la rue.