Rien ne semble pouvoir entamer l'inébranlable détermination des Béjaouis à poursuivre leur combat pacifique jusqu'à la satisfaction de toutes les revendications légitimes du mouvement populaire né le 22 février 2019. En témoigne d'ailleurs la forte mobilisation citoyenne constatée, hier, lors de la 36e marche du vendredi, organisée dans les artères principales de la ville des Hammadites. Les animateurs locaux du mouvement populaire ont profité de ce rendez-vous hebdomadaire pour appeler les citoyens de la région à se préparer pour la marche nationale du 37e vendredi de mobilisation populaire, prévue dans la capitale, qui coïncidera avec la date symbolique du 1er novembre. "Awel Novembre echaâb yeqarar, enrouhou el assima wa n'djibou el istiqlal" (Ce 1er novembre, le peuple décidera, nous allons manifester à Alger pour arracher notre véritable indépendance), n'ont-ils cessé de clamer lors de la manifestation d'hier. "Ce sera un événement historique qui devra constituer un tournant décisif pour notre révolution pacifique en marche. Nous devons saisir cette occasion pour réinventer l'espoir qu'avait suscité le 1er Novembre 1954. Outre la libération inconditionnelle de nos détenus, arbitrairement incarcérés par ce pouvoir de fait, nous allons exiger le départ de tous les symboles du système mafieux et corrompu", nous a déclaré Rachid Saou, professeur à l'université de Béjaïa et animateur très actif dans le mouvement populaire à Béjaïa. Exprimant de nouveau leur refus de cautionner le processus électoral en cours, les manifestants ont scandé : "Makanch l'vote, wallah ma n'dirou, Bedoui wa Bensalah lazem itirou, wallah mana habsin" (Pas de vote, nous ne le ferons pas, Bedoui et Bensalah doivent partir, nous jurons que nous ne nous arrêterons pas). Et pour dénoncer le nouveau projet de loi sur les hydrocarbures qui a soulevé un tollé général, la foule a repris en chœur ces slogans : "Etharwa el Djazaïria, ba3ouha el goumiya" (Les richesses algériennes sont vendues par les traîtres), "Djazaïr qasmouha, wa sahra ba3ouha" (Ils ont divisé l'Algérie et vendu le Sahara), "Qanoun el mahrouqat darouh fel Îmarat" (La loi sur les hydrocarbures a été concoctée aux Emirats). Par ailleurs, la procession humaine, qui a sillonné les principales ruelles de la ville de Yemma Gouraya, a également scandé : "Djazaïr hourra démocratiya" (Pour une Algérie libre et démocratique), "Libérez les otages". Avant d'entonner le chant du hirak : "Olé ola, eddouna gaâ lel habs, echaâb marahouch habess" (Emmenez-nous tous en prison, le peuple ne s'arrêtera pas).