Malgré le gel de leur mouvement par le Conseil supérieur de la magistrature, les magistrats de la wilaya de Tizi Ouzou ont décidé de poursuivre, hier, leur grève illimitée, qui a d'ailleurs paralysé tous les tribunaux de la wilaya ainsi que la cour de justice où aucune audience n'a eu lieu durant cette deuxième journée. Pour réaffirmer leur détermination à maintenir le bras de fer qu'ils ont engagé contre le ministre de la Justice, les magistrats de Tizi Ouzou ne se sont pas contentés de bouder les salles d'audience. En effet, ces magistrats qui ont déjà organisé avant-hier, dimanche, leur premier rassemblement ont organisé, hier à 14h, leur deuxième rassemblement de protestation au siège de la cour. Durant la dizaine de minutes qu'aura duré ce rassemblement, les magistrats qui y ont participé ont scandé principalement : "Adala hourra moustakila" (Pour une justice libre et indépendante) et, à un degré moindre, "El-qadhi machi fassed". De nombreuses pancartes ont été également brandies par ces protestataires mais, à l'exception d'une pancarte sur laquelle on pouvait lire "Wazir heggar", il était difficile de déchiffrer de loin les messages écrits sur les autres pancartes tant les journalistes qui étaient visiblement indésirables ont été empêchés d'accéder à l'enceinte de la cour de justice par des agents de sécurité et des policiers qui ont fait montre d'un excès de zèle inouï. À relever qu'en décidant déjà de poursuivre leur mouvement de grève malgré le gel de leurs mutations et en insistant, lors de ce rassemblement, plus particulièrement sur le slogan réclamant une justice libre et indépendante, les magistrats n'ont fait que confirmer l'objet réel de leur révolte, à savoir celui de réclamer l'indépendance de la justice sous le couvert de revendications socioprofessionnelles Dans le milieu des avocats à Tizi Ouzou, les avis restent partagés entre ceux qui estiment que cette révolte de magistrats mérite soutien et ceux qui considèrent que la crédibilité de leur mouvement est liée à leur volonté de libérer les détenus d'opinion et les activistes du mouvement populaire injustement emprisonnés.