Bien que les étudiants soient les grands absents de cette 21e mobilisation de la communauté universitaire de Béjaïa, les enseignants et les ATS ont occupé, hier, la rue en formant un grand carré. Hier, ils étaient quelques centaines — entre 350 et 400 selon les organisateurs — à battre le pavé sous un soleil de plomb dans les rues de Béjaïa tout en empruntant toujours le même itinéraire depuis le début du mouvement populaire. Munis de l'emblème national et du drapeau amazigh, les manifestants, rejoints par des militants politiques et des animateurs associatifs, ont renoncé, cette fois-ci encore, au rassemblement habituel sur la Place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel. Ils ont préféré poursuivre leur marche en passant par le palais de justice avant de regagner le campus pour une bonne partie d'entre eux. Ce choix n'était pas fortuit puisque, tout au long de leur marche, ils ont scandé : "Adala, adala, adala mustakila" (Justice, justice, justice indépendante), "Dawla el-qanun, machi be tilifoune" (nous voulons instaurer un Etat de droit, non un semblant d'Etat qui fonctionne par téléphone), "Pouvoir assassin", "Djazaïr hourra demokratia" (Algérie libre et démocratique). Mais les slogans qui revenaient avec insistance et sur lesquels les enseignants et les ATS de l'université de Béjaïa se sont attardés étaient : "La hiwar, la chiwar, errahil obligatoire" (Ni dialogue ni consultation, le départ du système et de ses symboles est obligatoire), "At ruhem, at ruhem, at ruhem" (vous partirez, vous partirez tous), "Système dégage !", "S'hab n 17%, dégagez" (Ceux qui réclament 17% sur les marchés, dégagez), "Djoumhouria, machi caserna" (Nous voulons une République et non une caserne), "Dawla madania, machi âskaria" (Nous voulons un Etat civil et non pas militaire) ou encore : "Siassa châabia, el-âasker fi el-caserna" (La politique aux civils, les militaires dans les casernes). Sur les pancartes brandies, on pouvait lire, entre autres, ce message adressé au chef d'état-major de l'ANP : "Ne change pas de sujet." Une enseignante a, quant à elle, écrit : "Gaïd Salah, chef d'un parti politique armé !" ou encore : "Vos manœuvres ne diviseront pas le peuple. Ce n'est même pas la peine d'essayer", "Bensalah, un président sans peuple", "Moi, je ne vote pas", "Restons unis, ce n'est pas fini !", "Dawla madania, machi âskaria" (un Etat civil, non pas militaire). Par ailleurs, les manifestants ont également réclamé haut et fort "la mise en place d'une transition démocratique" et "l'instauration d'un Etat de droit".