Le groupe autoproclamé Etat islamique (EI/Daech) a revendiqué samedi soir l'attaque menée la veille contre une position de l'armée malienne à Indelimane, dans la région de Ménaka (frontalière avec le Niger) et qui a fait 49 morts et tué aussi un civil, selon un dernier bilan. "Des soldats du califat ont attaqué une base militaire où sont stationnés des éléments de l'armée malienne apostate dans le village d'Indelimane, dans la région de Ménaka", a indiqué l'EI dans un communiqué signé "Province Afrique de l'Ouest (PAO)", publié sur ses chaînes Telegram et qui rapporte "des affrontements avec différents types d'armes", ont rapporté les médias locaux et les agences de presse. La même organisation a revendiqué l'attaque à l'engin explosif dans la même région d'Indelimane contre l'armée française samedi et dont était victime un brigadier qui était à bord d'un véhicule. "Les soldats du califat ont pris pour cible un convoi de véhicules des forces françaises (...) près d'Indelimane, dans la région de Ménaka, en déclenchant un engin explosif", a indiqué cette organisation dans un autre communiqué, toujours signé "Province Afrique de l'Ouest" et publié sur ses chaînes Telegram. Au-delà de questions liées aux doutes sur la capacité de l'armée malienne à lutter contre le terrorisme dans un aussi vaste pays qu'est le Mali, il y a surtout celle de cette revendication rapide des deux attaques par cette branche de l'EI en Afrique de l'Ouest. Car elle intervient une semaine seulement après la liquidation par l'armée américaine d'Abou Bakr al-Baghdadi, le chef-fondateur de cette organisation, dans une opération spéciale en Syrie. D'un côté, l'on comprendrait que l'EI veut montrer qu'il survivra à la mort de son leader, bien que cela soit prévisible, comme cela est le cas d'Al-Qaïda qui continue d'exister malgré la disparition de son chef Oussama Ben Laden, lui aussi tué dans une opération de l'armée américaine le 2 mai 2011 en Afghanistan. Sachant que cette nouvelle nébuleuse terroriste qui se fait appeler "Province de l'Afrique de l'Ouest" n'est autre qu'une faction du groupe terroriste nigérian Boko Haram qui a fait allégeance à l'EI en mars 2015, et dont le champ d'action se situe dans le nord du Nigeria et une partie du sud du Tchad, du sud du Niger et du nord du Cameroun. Or, dans l'ouest du Niger frontalier avec le Mali, c'est plutôt l'Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS), dirigé par Adnane Abou Walid al-Sahraoui, qui domine la région, aux côtés de Jamaat nusrat al-islam w al-muslimin (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans – JNIM), du chef terroriste targui Iyad Ag Ghali, qui était auparavant membre d'Al-Qaïda au Maghreb islamique. Toutes les attaques commises ces derniers mois en territoire malien ont été revendiquées par le JNIM et rares sont celles qui ont été l'œuvre de l'EIGS. Il est donc difficile de croire en la responsabilité de PAO dans les deux attaques de samedi à Ménaka, même si cela reste du domaine du possible. Mais cela ne peut se fait que dans le cas d'une fusion de tous ces groupes en un seul mouvement. Ce qui n'est pas certain, en raison des rivalités que tout le monde connaît à Daech et Al-Qaïda qui divergent dans leurs idéologies, stratégie et mode de fonctionnement.