Un manifestant a été tué samedi soir à Bagdad par les forces antiémeutes, portant le bilan, depuis le début du mouvement populaire, le 1er octobre, à 258 morts. Des appels à la désobéissance civile se sont multipliés hier au moment où les écoles, les universités et de nombreuses institutions publiques étaient fermées à Bagdad et dans plusieurs villes du sud du pays, suite à un appel à la grève largement suivie par les Irakiens. La majorité des fonctionnaires et des enseignants a suivi le mot d'ordre de l'appel à la grève générale lancé par des syndicats autonomes dont celui des enseignants. Selon des médias locaux, de nombreuses institutions publiques dont des ministères étaient paralysées hier dans la capitale. À Diwaniya, la capitale de la province d'Al-Qādisiya, ville située sur l'axe de circulation Bagdad-Bassora, les administrations ont été également fermées comme c'est également le cas à Nassiriya, à environ 370 km au sud-est de Bagdad, ou encore à Al-Hilla, dans la province de Babylone, au sud de Bagdad, où la plupart des fonctionnaires ont répondu à l'appel à la grève. Parallèlement à ces mouvements de grève qui prennent de l'ampleur, les manifestants ont continué hier à bloquer les routes. À Kout, au sud de Bagdad, les protestataires ont érigé dès la matinée d'hier des barricades sur les routes pour exprimer leur colère face à la répression violente des manifestants pacifiques par la police antiémeute qui a fait usage, la veille, de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Samedi soir, une personne a été tuée à Bagdad par les forces antiémeute portant le bilan, depuis le début du mouvement populaire, à 258 morts. Les forces antiémeute se sont déployées depuis samedi le long des ponts de la capitale proches de Tahrir : al-Joumhouriya qui mène à l'intérieur de la Zone verte, siège du pouvoir et des ambassades, et Senek, qui la borde. Selon plusieurs médias irakiens, elles ont lancé des grenades lacrymogènes pour tenter de repousser les manifestants, qui ont maintenu hier leurs positions et érigé une barricade sur place. Le bastion chiite de Sadr City, dans la capitale, restait aussi entièrement bouclé, avec des routes coupées par les manifestants comme dans d'autres quartiers de l'est de la capitale. Déclenchée spontanément le 1er octobre dernier contre la corruption, le chômage et la déliquescence des services publics, la contestation réclame désormais "la chute du régime" et ne cesse d'enfler avec la participation ces derniers jours d'étudiants, de syndicats et d'organisations de la société civile. Le président Barham Saleh a promis des élections anticipées et une nouvelle loi électorale. Le Premier ministre Adel Abdel Mahdi a lui assuré être prêt à démissionner si un remplaçant lui était trouvé. La nouvelle loi électorale doit être soumise au Parlement "la semaine prochaine", a annoncé M. Saleh. L'Assemblée s'est déclarée il y a une semaine en "séance permanente" mais n'est pas parvenue jusqu'ici à obtenir une audience du Premier ministre, inscrit en premier à l'ordre du jour actuel.