Cinq manifestants ont été tués hier à Bagdad, où l'armée irakienne a décrété le couvre-feu de minuit à six heures dans la capitale, a annoncé la Commission gouvernementale des droits de l'homme, portant à 82 le nombre de morts dans le pays depuis la reprise jeudi d'une contestation antigouvernementale. Plusieurs des 26 manifestants tués à Bagdad depuis jeudi ont été touchés par des grenades lacrymogènes, précise la Commission, alors que des vidéos mises en ligne ont montré plusieurs manifestants, le crâne perforé et le visage défiguré par ces grenades métalliques tirées par les forces de sécurité. Hier, l'armée irakienne a décrété un couvre-feu de minuit à six heures du matin à Bagdad, dans le but de disperser des milliers de manifestants qui occupent depuis jeudi soir la place Tahrir. Ce couvre-feu est instauré "jusqu'à nouvel ordre", précise l'armée dans un communiqué. Il intervient alors que des milliers d'étudiants et d'écoliers de Bagdad à Bassora, en passant par les rues de Diwaniya ou de Nassiriya, ont rejoint hier le mouvement de contestation en Irak, et affiché leur détermination à poursuivre les manifestations "jusqu'à la chute du régime". À Diwaniya, à 200 km au sud de Bagdad, professeurs et élèves de l'ensemble des universités, publiques et privées, ont décrété un "sit-in de dix jours pour obtenir la chute du régime". Les syndicats d'autres professions, notamment les avocats ou les ingénieurs, ont rejoint le mouvement, tandis que des piquets de grève ont bloqué les entrées des administrations. À Nassiriya, à 350 km au sud de Bagdad, des milliers d'étudiants et d'élèves ont défilé. À Kout, à 150 km au sud de la capitale, les fonctionnaires et les étudiants se sont rassemblés et la majorité des administrations sont restées fermées. À Bassorah, ville pétrolifère déjà secouée durant l'été 2018 par une semaine de violences meurtrières lors d'un mouvement de contestation sociale, des milliers d'étudiants sont également descendus dans les rues. Le 1er octobre, un mouvement de contestation inédit a débuté en Irak. Durant sa première semaine, de source officielle, 157 personnes sont mortes, quasiment toutes des manifestants pris sous les tirs des forces de l'ordre et de snipers qui ont semé la terreur sans que l'Etat parvienne à déterminer leur identité.