Parti mardi de Bagdad, le mouvement réclamant des emplois pour la jeunesse et le départ des dirigeants "corrompus" a gagné la quasi-totalité du sud du pays. Au moins 44 personnes ont été tuées et plus de 2 433 autres blessées depuis le début, mardi, de manifestations réclamant emplois et services publics en Irak, indiquaient hier des sources médicales. Sur le nombre total des Irakiens tués, 18 ont trouvé la mort lors de manifestations à Nassiriya, à 300 km au sud de Bagdad, et 16 autres ont perdu la vie dans la capitale, précisent ces sources. Les forces de sécurité irakiennes ont ouvert le feu, hier, sur des dizaines de manifestants dans le centre de Bagdad, au 4e jour du mouvement de contestation qui a gagné la quasi-totalité du sud du pays. Hier, les autorités ont de nouveau coupé internet pour emêcher les manifestants de relayer les vidéos et les images des violences policières qui tirent à balles réelles à Bagdad. Mais cela n'a pas dissuadé des centaines d'Irakiens à redescendre dans la rue pour réclamer leurs droits à un emploi stable et à une vie descente, dans un pays ravagé par des années d'embargo, sous l'ère Saddam Hussein, avant d'être complètement détruit par dix ans d'occupation américaine, suivi par cinq ans de terrorisme de l'autoproclamé Etat islamique (Daech). Réagissant à cette tuerie, la plus haute autorité chiite d'Irak, le grand ayatollah Ali Sistani, a apporté hier matin son soutien au mouvement de contestation dans le pays, appelant les autorités à satisfaire ses revendications, dans un prêche prononcé par son représentant. "Le gouvernement doit changer sa façon de gérer les problèmes du pays", a déclaré Ahmed al-Safi, parlant au nom de l'ayatollah Sistani, dans une mosquée de la ville sainte de Kerbala, au sud de Bagdad. "Il doit faire son devoir et améliorer les services publics, trouver des emplois aux chômeurs, éviter le clientélisme dans le service public et en finir avec les dossiers de corruption en remettant les responsables à la justice", a-t-il ajouté. Le grand ayatollah a également dénoncé "des attaques inacceptables (...) à l'égard de manifestants pacifiques et des forces de sécurité". Pour sa part, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a demandé aussi hier à l'Irak une enquête "rapide" et "transparente" sur les morts dans la dispersion des manifestations contre le chômage et la corruption qui sont des demandes "légitimes". "Nous appelons le gouvernement irakien à permettre à la population d'exercer librement ses droits à la liberté d'expression et de réunion pacifique", a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat, Marta Hurtado, lors d'un point de presse à Genève. "Nous sommes préoccupés par les informations indiquant que les forces de sécurité ont utilisé des balles réelles et des balles en caoutchouc dans certaines zones, et ont également tiré des grenades lacrymogènes directement sur les manifestants", a-t-elle ajouté. L. M./Agences