Le président du RCD avertit contre l'implication de l'administration dans la compétition électorale lors des partielles pour faire élire les listes du pouvoir. La stratégie de démolition de la Kabylie par le pouvoir est multiple : elle est économique, sociale, symbolique et politique. C'est le constat fait par le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) à l'occasion de la rencontre de proximité organisée, hier, à Abi Youcef, Aïn El-Hammam, dans la wilaya de Tizi Ouzou. “Le pouvoir travaille maintenant à démobiliser l'électorat de la région dès lors que les suffrages lui sont habituellement défavorables. C'est pour lui la seule façon de faire passer ses listes sous le label indépendant à l'occasion des élections locales”, dira Saïd Sadi, qui avertira contre l'implication de l'administration dans la compétition électorale lors des partielles pour faire élire les listes du pouvoir. “L'injection dans les circuits de l'administration d'agents corrompus et incompétents pour d'abord pervertir la Fonction publique participe de la volonté des autorités politiques d'humilier la Kabylie”, affirme-t-il non sans préciser à son auditoire : “Vous devez savoir que la stratégie adoptée par le pouvoir pour installer dans les assemblées locales sa clientèle, constituée de brigands, de corrompus, d'escrocs et autres indicateurs, s'appuie sur un maître mot : l'abstention.” Faisant le parallèle avec la stratégie de la France coloniale lorsqu'elle désignait les caïds dans les villages, le leader du RCD décèle dans l'attitude du pouvoir un inversement de la fonction électorale : au lieu que les élus soient l'émanation véritable de la volonté populaire, le pouvoir souhaiterait voir désignés ses représentants dans les assemblées élues. Pour ce faire, il y travaille à la démobilisation de l'électorat. “L'abstention est un allié objectif du pouvoir”, prévient Sadi qui a exhorté les présents à s'impliquer dans cette entreprise historique de sauvetage politique de la Kabylie. Une région, dira encore l'orateur, plus que jamais attaquée dans sa mémoire militante et ses repères politiques. Une preuve supplémentaire ? Le Dr Sadi cite l'exemple de l'attribution en catimini d'un doctorat honoris causa à l'ancien président Ahmed Ben Bella par l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Pour le leader de l'opposition démocratique, c'est une manière grossière d'avilir la région ; il rappellera à l'assistance que c'est ce même Ben Bella qui avait insulté la mémoire de Abane Ramdane. La structuration politique de la délinquance sociale participe de la même stratégie qui consiste à réduire à néant l'élite et la conscience politiques de la région. Plus virulent encore, le président du RCD accuse le pouvoir de “manipuler des brigands entretenus par l'argent sale pour hâter la démolition de la Kabylie politique et de sa mémoire militante”. Même l'argent mobilisé dans le cadre de la relance économique emprunte déjà les caniveaux de la corruption, fera-t-il remarquer avant d'ajouter : “C'est avec cet argent que le pouvoir nourrit sa clientèle qu'il destine à la représentation politique de la région.” YAHIA ARKAT