“Il est légitime qu'un pouvoir fasse du marketing politique quand il est en panne de projet, mais pas en manipulant le sang des victimes de la politique de ce même pouvoir”, a estimé Saïd Sadi à propos du référendum sur la réconciliation nationale, dont la campagne a bel et bien commencé. Poursuivant toujours les rencontres de proximité avec les citoyens, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) était, lundi après-midi, à Yakouren, wilaya de Tizi Ouzou. Les débats à bâtons rompus, qui ont mobilisé l'essentiel des relais d'opinion de la localité, ont porté essentiellement sur deux questions d'actualité : le référendum sur la réconciliation nationale et les élections partielles en Kabylie. Ainsi, Sadi a réitéré la disponibilité de son parti à contribuer de manière active à faire échec à la politique d'anéantissement multiforme de la Kabylie. Le leader du RCD considère le référendum du 29 septembre prochain comme une opération de diversion politique. “C'est la première fois qu'un pouvoir organise deux référendums sur une même question”, constate-t-il, avant de continuer sur la même lancée : “Qu'on nous dise pourquoi aucune commission probatoire n'a été réunie, depuis le référendum sur la concorde civile en 1999. Pourquoi aussi, au jour d'aujourd'hui, aucune évaluation n'a été faite à ce sujet ?” Il citera au passage le cas du Maroc et de l'Afrique du Sud qui n'ont pas voulu régler le même problème par la négation de la réalité. À vrai dire, la consultation référendaire, qui ne semble pas susciter d'intérêt chez le leader de l'opposition démocratique, n'est, aux yeux de ce dernier, qu'un coup de publicité politique destiné à camoufler l'absence de bilan économique, malgré un matelas en devises et l'échec des réformes qui n'ont pas encore donné de résultats probants. Cependant, l'ouverture des listes électorales durant cette période est une opportunité pour les jeunes que le Dr Saïd Sadi a exhortés à s'inscrire pour pouvoir voter à l'occasion des partielles, mais pas au référendum, précise-t-il. Un cadre de l'éducation à la retraite semble particulièrement intéressé par l'exposé fait par Saïd Sadi sur les élections locales et, par ricochet, sur la région de Kabylie. Selon notre source, Sadi a averti son auditoire contre le danger des listes d'indépendants, qui “sont confectionnées sous le contrôle des services spéciaux”. “C'est la lie de la Kabylie que le pouvoir mobilise à coups d'argent sale et destine à la représentation politique de la région lors des prochaines partielles. C'est pour cela qu'il pousse à la démobilisation de l'électorat, car l'abstention arrange les affaires du pouvoir”, a ajouté le président du RCD. Selon ce dernier, le pouvoir travaille à anéantir moralement, économiquement, socialement et politiquement la Kabylie. Une femme d'un certain âge et sans attache partisane s'est dit convaincue par les arguments avancés par le docteur Sadi au sujet de l'urgence de mobiliser l'essentiel de la militance démocratique en Kabylie pour sauver la région car, a-t-elle noté, si la Kabylie est blessée, “c'est la perspective démocratique de tout le pays qui risque d'être hypothéquée”. D'où l'importance stratégique des prochaines partielles, conclut-elle, citant Saïd Sadi. Yahia Arkat