Pour le chef du RCD, les listes sont destinées à contrer celles des partis ayant un fort ancrage sociologique dans la région. Il y a chez le pouvoir une volonté de démolition et de destructuration politique de la Kabylie. C'est là la conviction profonde du président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui a développé son argumentaire à ce sujet, hier vendredi, à Aït Bouadou, dans la daïra des Ouadhias, wilaya de Tizi Ouzou. Poursuivant toujours ses sorties sur le terrain à la rencontre de la population, SaId Sadi, qui y voit dans cette façon de faire un moyen de contourner la censure par les médias officiels de la voix de l'opposition démocratique, est revenu longuement lors des discussions avec les citoyens sur l'importance stratégique des élections partielles en Kabylie. “Le pouvoir est déterminé à casser la région dans sa mémoire symbolique et militante. Il y travaille à souiller la mémoire combattante, pervertir les traditions de lutte et brouiller les repères politiques et les acteurs qui les portent depuis toujours pour régler son compte une bonne fois pour toutes à la Kabylie”, a martelé Saïd Sadi pour qui la méthode du pouvoir est basée sur deux aspects : la démobilisation de l'électorat et les listes d'indépendants. L'absence de poids sociologique de la clientèle du pouvoir dans la région pousse ce dernier à susciter une forte démobilisation de l'électorat ; c'est la seule façon à lui, explique SaId Sadi, de permettre à sa clientèle portée sur les listes indépendantes d'avoir un poids important grâce à l'abstention. “Les services espèrent contrer les partis politiques à fort ancrage sociologique par des listes d'indépendants constituées de la lie de la Kabylie”, révèle le leader de l'opposition démocratique. C'est dire que la démarche est programmée et répond à un plan stratégique de destructuration politique de la Kabylie. Mais pourquoi donc ? Le président du RCD ne manque pas d'arguments : derrière l'antikabylisme primaire, il y a un argument politique qui sous-tend un objectif bien précis ; il consiste à empêcher la région à jouer son rôle fondateur de produire des alternatives politiques au pouvoir totalitaire, en la maintenant dans une déstabilisation sociale et une crise morale permanente. Le Dr SaId Sadi a averti contre le danger des listes d'indépendants qui seront sans doute constituées de la clientèle du pouvoir entretenue par l'argent sale. “Même l'argent mobilisé dans le cadre du plan de relance économique a pris le labyrinthe de la corruption et de circuits occultes. Aucun centime n'a été affecté dans un quelconque projet de développement au profit de la région”, informe-t-il. L'administration n'est pas épargnée, selon SaId Sadi, par ce rouleau compresseur de démolition de la Kabylie. Un argument pour convaincre ? Cette volonté de pourrissement administrative est reflétée par le recrutement d'agents véreux dont le seul critère est d'avoir commis un délit, selon l'expression de Saïd Sadi. Les citoyens présents, des femmes et des hommes âgés, n'ont pas manqué de l'interpeller sur la nécessité de sauver la région en mobilisant l'ensemble des forces politiques positives aujourd'hui émiettées. SaId Sadi n'y voit aucune objection et se dit plus que jamais disponible pour concrétiser une telle convergence. Pour lui, si les citoyens se mobilisent en force à l'occasion des prochaines partielles pour permettre à l'opposition démocratique de récupérer le pouvoir local, la Kabylie pourrait retrouver ses repères qui ont fait sa mémoire politique à même de lui assurer un projet de développement avec la mobilisation de ses enfants. Auparavant, Saïd Sadi et sa délégation ont fait un crochet par le village Aït Oulhadj, qui leur a réservé un accueil chaleureux. Un village abandonné par l'Etat mais qui a su se prendre en charge au point d'être le mieux organisé socialement. YAHIA ARKAT