Le mouvement de contestation au Liban a entamé hier son deuxième mois, avec l'organisation de plusieurs rassemblements de masse à Beyrouth, la capitale, à Tripoli, à Saïda et à Tyr, dans le Sud. Hommes, femmes, étudiants et écoliers ont scandé une nouvelle fois des slogans hostiles au pouvoir en place et réitéré leur rejet de la classe politique "corrompue", tout en exigeant la nomination d'un gouvernement de technocrates. À Beyrouth, plusieurs manifestants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Le pouvoir au peuple." À Tripoli, deuxième ville du pays et haut-lieu de la contestation, une manifestation baptisée "Dimanche des martyrs" a drainé des centaines de personnes. L'intitulé de ces rassemblements est une référence directe aux deux manifestants tués depuis le début du mouvement. Certains manifestants ont brandi des pancartes dénonçant les tentatives du pouvoir à recycler les mêmes personnes rejetées par la rue. "Non à Safadi, non aux corrompus", pouvait-on lire sur l'une d'elles, dans la capitale, en allusion à la tentative de nomination, au poste de Premier ministre, de Mohammed Safadi, jeudi dernier. Ce dernier a finalement renoncé à ce poste samedi soir. Le sort du gouvernement reste suspendu plus de deux semaines après la démission de Saad Hariri, alors que la crise économique s'annonce de plus en plus grave pour un pays qui fait déjà face à de grandes difficultés. Le Premier ministre sortant, Saad Hariri, s'en est pris hier de manière virulente au Courant patriotique libre (CPL, fondé par le chef de l'Etat, Michel Aoun), dont il a estimé que le comportement "irresponsable" empêche la formation du futur gouvernement, après la démission du cabinet de M. Hariri le 29 octobre, sous la pression de la rue. "Les manœuvres et les fuites d'informations pratiquées par le CPL sont irresponsables dans le contexte de l'énorme crise nationale que vit notre pays", a accusé M. Hariri, dans un communiqué publié par son bureau de presse. Il a estimé que sans ce genre d'attitudes, le gouvernement aurait été formé et la "dangereuse" crise économique nationale aurait commencé à être résolue.