Le président Michel Aoun a écrit hier sur tweeter qu'"une solution à la crise dans le pays était en préparation". Mais il a peu de chance de convaincre la rue libanaise. Le chef du Parti des forces libanaises (chrétien), Samir Geagea, a annoncé samedi soir le départ de son mouvement du gouvernement, alors que les manifestations se sont poursuivies, hier, pour la quatrième journée consécutive contre l'exécutif à Beyrouth et à travers plusieurs autres villes du pays. Cette démission a fragilisé le gouvernement de Saad Hariri qui a menacé indirectement lui aussi de démissionner s'il ne réussissait pas à faire passer ses réformes économiques. Hier, au 4e jour de la contestation, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues du Liban pour exiger le départ du gouvernement qui a montré son "incapacité à améliorer la situation socioéconomique du pays". À Beyrouth, la capitale, des rassemblements ont été organisés dès les premières heures de la matinée. Les protestataires, de plus en plus nombreux, ont réclamé le départ des "symboles de la corruption" et les "responsables de l'échec". Ils ont réclamé la levée de l'immunité pour les parlementaires, accusés de corruption, à l'image du président de la Chambre des députés Nabih Berri, en fonction depuis 1992. Plusieurs rassemblements ont été organisés dans d'autres grandes villes du pays, à Tripoli, à Akkar, dans le nord, ou encore à Baalbeck dans l'est et à Tyr dans le sud du pays. Ces rassemblements se sont déroulés à la veille de l'expiration d'un ultimatum fixé par le Premier ministre Saad Hariri pour avoir l'approbation définitive des membres de sa coalition gouvernementale minée par les divisions à un plan de réformes. Des sources ministérielles ont indiqué à des médias locaux que le gouvernement avait préparé un plan de réforme économique sans taxes en expliquant que ce plan n'allait pas affecter les couches populaires. De son côté, le chef du Parti socialiste Walid Joumblatt, ancien député, a fait savoir que son parti avait introduit des amendements au document de réforme du Premier ministre Hariri, en exigeant la suppression de tous les privilèges des présidents, des députés, des ministres et des représentants du gouvernement. Selon des médias, un projet de réforme devra être présenté incessamment. Il serait en discussion avancée entre le Premier ministre Saad Hariri et les principaux chefs des partis politiques. Le Premier ministre a entrepris des pourparlers dès samedi avec les formations politiques afin de trouver des solutions à la crise mais sans grand succès jusqu'ici. Hier, les manifestants, parmi lesquels, des universitaires, des commerçants, des jeunes et des moins jeunes, et de toutes les confessions, ne montraient aucun signe de vouloir arrêter leur mouvement qu'ils considèrent désormais comme une révolution.