Alors que sur certains panneaux trônent plusieurs portraits d'un même candidat, dans d'autres c'est le vide. Les panneaux d'affichage ne captent pas beaucoup l'intérêt des candidats en compétition au Palais d'El-Mouradia. Quatre jours après le démarrage de la campagne électorale, les panneaux métalliques, plantés sur les artères des quartiers et des villes, sont presque vides. Mis à part le portrait d' un ou de deux candidats, les autres prétendants à l'élection du 9 avril prochain sont absents sur les panneaux. En sillonnant les différentes communes de la capitale, la blancheur des panneaux vides accroche l'oeil démontrant ainsi le désintérêt des candidats. «Où sont les autres candidats?», s'interroge un jeune étudiant de passage devant un panneau métallique installé dans la commune de Mohamed-Belouizdad, (ex-Ruisseau). S'adressant à son ami, ce jeune s'interroge: «Comment veulent-ils gagner si les gens ne les connaissent pas?» Tout en pointant du doigt le portrait de M.Younsi, son ami lui répond: «A part les anciens je ne connais personne.» Sur les six, il n'y avait que les portraits de M.Bouteflika, Mme Hanoune et celui de M.Younsi. Les trois autres, à savoir MM.Touati, Mohamed Saïd et Rebaïne, sont les grands absents. Cet exemple n'est que l'échantillon des centaines de panneaux implantés ici et là pour annoncer l'événement électoral. A Kouba comme à Belcourt ou à Bab El Oued, les six candidats ne sont pas au complet, laissant ainsi place au vide. «Cela fait quatre jours que la campagne a démarré et les panneaux sont toujours vides», fait remarquer un vieil homme qui fixait des yeux les portraits des candidats Bouteflika et Louisa Hanoune. «Les autres ont été enlevés apparemment», se demande-t-il avant d'apporter la réponse: «Je ne le pense pas puisqu'il n'y a pas trace de papier.» Effectivement, les tableaux sont neufs et ne portent ni trace de colle ni de papier; la couleur blanche et lisse brille sur les panneaux. Pourtant, ce travail devait être fait quelques heures après le lancement officiel de la campagne. Les candidats n'ont-ils pas eu le temps de le faire? Une seule explication est avancée par la plupart d'entre eux: les affiches ont été enlevées. Or, cet argument est loin de tenir la route puisque l'affichage n'est pas une mince affaire. Cette opération nécessite la mobilisation de grands moyens logistiques et humains. Développement des portraits, distribution des quotas et ensuite affichage, ce travail médiatique demande un financement très solide. Par ailleurs, on constate que l'affichage est loin de répondre aux règles du jeu fixées par la loi. Alors que dans certains panneaux trônent plusieurs portraits d'un seul candidat, dans d'autres le vide occupe les espaces. Parmi les panneaux aperçus hors de notre passage, aucun n'affichait au complet les portraits des six candidats en lice. C'est presque impossible, voire rare de tomber sur une galerie qui expose l'ensemble des prétendants au poste présidentiel. Alors qu'ils ont privilégié dans leur programme de campagne le travail de proximité, les candidats ont apparemment sous-estimé le rôle de ces panneaux. Contrairement à cet espace, les immeubles sont envahis par les photos des candidats. Comme d'habitude, l'affichage anarchique dénature les façades des immeubles. Sur une seule façade, plusieurs photos d'un même candidat sont collées l'une après l'autre. Que ce soit sur les murs des immeubles ou des institutions de l'Etat, des portraits géants se juxtaposent. Le constat est le même à l'intérieur du pays. A Batna comme à Béchar, les tableaux d'affichage sont presque désertés. Les plus chargés présentent pas plus de trois candidats. Ce qui est sûr c'est que les six candidats ne sont jamais présentés en un seul bloc pour permettre aux électeurs d'observer et de faire la différence.