Le candidat a évité d'aborder les sujets liés à l'actualité, ni dans le fond ni dans la forme, à la loi de finances 2020 et à la question des détenus d'opinion et politiques. En provenance d'El-Oued où il avait entamé la troisième journée de sa campagne électorale par une rencontre avec ses militants, chahutée par la population, suivie de nombreuses arrestations, le candidat du parti Talaie El-Houriat à l'élection présidentielle du 12 décembre prochain, Ali Benflis, a tenu, hier après-midi, un meeting à la salle omnisports de Blida, dans une ambiance plutôt tendue. Prévu à 14h, le meeting n'a commencé que vers 16h45, alors que le candidat était arrivé sur les lieux, sous forte escorte policière, à 16h10. Pour éviter les scénarios de Tlemcen et d'El-Oued où les citoyens et les activistes ont conspué ses sorties, un dispositif de sécurité a été déployé dès 13h aux abords de la salle pour repérer toute personne susceptible de perturber la campagne du chef de file de Talaie El-Houriat. En plus du dispositif classique, des unités de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) ont été déployées des sections d'élite chargées de la sécurité et d'intervention (SSI) de la Gendarmerie nationale. Vers 15h, les militants et les sympathisants du parti arrivent. L'accès à la salle était assujetti à une identification, suivie d'une fouille systématique. Même les journalistes étaient soumis, au départ, à cette "précaution" dictée par les circonstances dans lesquelles s'étaient déroulées les deux premières journées de campagne de M. Benflis. Vers 15h30, trois jeunes citoyens qui circulaient sur le trottoir attenant à la salle omnisports, suspectés de vouloir perturber le meeting, ont été interpellés et embarqués par la police. Aux dernières nouvelles, les trois jeunes ont été relâchés, loin de la salle, et ce, après leur identification. La tension monte d'un cran avec l'arrivée des soutiens du candidat du parti Talaie El-Houriat. Débordés par la forte circulation routière, les policiers ont peiné pour gérer les devants de ladite salle, située sur un axe principal, à l'entrée de Blida. À 16h10, M. Benflis arrive sous une haute escorte policière. Du jamais vu durant les précédentes campagnes électorales. Le candidat a été escorté par les unités de la DSPP. M. Benflis a dû attendre quelques minutes dans sa voiture, le temps de vérifier, une dernière fois, les accès vers la salle. À l'intérieur, des dizaines de jeunes revêtus de gilets fluorescents scrutaient les invités, pourtant triés et fouillés avant d'entrer dans la salle. Malgré l'instruction donnée à ces vigiles de laisser circuler librement les journalistes, les photographes et les caméramans, certains zélés n'ont pas hésité à demander aux photographes de prendre certains plans et pas d'autres. Devant les deux portes centrales de la salle, des dizaines de militants ont été chargés de surveiller et de contrôler chaque mouvement. Il aura fallu la fermeture de toutes les portes pour qu'enfin M. Benflis entre dans la salle. Le candidat de Talaie El-Houriat prononcera alors son allocution devant ses militants, loin des citoyens qui voulaient marquer une halte devant la salle. "Circulez, y a rien à voir", telle était l'impression qu'on avait durant cet événement qui n'a drainé que les militants de Talaie El-Houriat de la wilaya de Blida. Entre généralités, promesses de campagne et discours à la carte, M. Benflis a abordé son programme d'une manière superficielle car, juge-t-il, "il faudra des heures et des heures pour le décortiquer". Le candidat n'a pas abordé les sujets liés à l'actualité, ni dans le fond ni dans la forme, notamment la loi sur les hydrocarbures récemment adoptée par les deux Chambres du Parlement, à la loi de finances 2020 et encore moins aux détenus d'opinion et politiques. Il ne fera même pas allusion aux personnes arrêtées à Tlemcen lors de son meeting, dont la majorité a été placée sous mandat de dépôt. Le candidat achèvera son discours en donnant rendez-vous aujourd'hui dans deux wilayas, qu'il n'a, par ailleurs, pas citées.