Les révélations de la presse américaine sur la présumée présence de mercenaires russes en Libye avaient déjà donné un avant-goût de ce nouveau face-à-face entre la Maison-Blanche et le Kremlin. Les Etats-Unis se sont une nouvelle fois attaqués à la Russie au sujet de la Libye, accusant Moscou de chercher à exploiter le conflit libyen, au lendemain d'une rencontre entre une délégation américaine avec le général à la retraite Khalifa Haftar, ouvertement soutenu par le Kremlin. Lors de cette rencontre, qui a eu lieu le 24 novembre, la délégation américaine, constituée notamment de l'ambassadeur américain en Libye, Richard Norland, s'est déclarée "gravement préoccupée par l'exploitation du conflit par la Russie au détriment du peuple libyen", a indiqué le département d'Etat dans un communiqué publié lundi soir. "Les responsables ont souligné que les Etats-Unis soutenaient pleinement la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Libye", a précisé le département d'Etat, qui a multiplié la pression sur Khalifa Haftar pour cesser son opération militaire pour la prise de la capitale libyenne, Tripoli. Les responsables américains se sont entretenus avec l'homme fort de l'Est libyen afin d'échanger "des mesures à prendre pour parvenir à une suspension des hostilités et à un règlement politique du conflit", a indiqué le ministère dans un communiqué. Le controversé général de l'Est libyen a lancé une opération de conquête de la capitale depuis le 4 avril dernier, mais il a du mal à avancer sur Tripoli, fortement protégée par les troupes du Gouvernement libyen d'union nationale (GNA), internationalement reconnu. Officiellement, Khalifa Haftar justifie cette opération par la lutte contre le terrorisme et les milices qui contrôleraient, selon lui, l'ouest de la Libye, dont la capitale. C'est derrière cet argument que s'abritent aussi les Russes, mais aussi l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Arabie Saoudite et la Jordanie pour justifier leur ingérence dans le conflit libyen. Après avoir laissé planer une certaine ambiguïté quant à leur soutien ou non à Khalifa Haftar, les Etats-Unis sont sortis de leur silence et exprimé leur rejet de la solution armée dans ce pays, ravagé par huit ans de guerre. Mais l'évolution de cette position a coïncidé avec les révélations de la presse occidentale, plus particulièrement américaine, du renforcement de l'implication russe en Libye sur le plan diplomatique et militaire. Donald Trump a décidé en effet de passer à l'offensive, en s'attaquant à ce qui constitue la porte d'entrée de Moscou en Libye : le général Khalifa Haftar, le bras armé du gouvernement parallèle de l'est de la Libye, installé à Tobrouk. Récemment, un ancien diplomate américain avait affirmé que le nombre de mercenaires russes en Libye est passé de 200 à 1400 en l'espace de quelques semaines, ce qu'a démenti Moscou. Ces mercenaires russes se seraient engagés aux côtés de Khalifa Haftar et dirigeraient, selon la même source, une partie des opérations militaires autour de Tripoli. Si le GNA n'a pas dénoncé ouvertement la présence de mercenaires russes en Libye, les médias pro-gouvernement d'Union ont largement évoqué le sujet et accusé Moscou d'aggraver la crise dans ce pays voisin.