Le porte-parole du Club reproche au ministre de la Justice d'avoir dénigré des magistrats "instruits" devant un Parlement, "dont certains membres sont analphabètes" et "des ministres qui n'ont obtenu leurs diplômes universitaires qu'après leur désignation au sein du gouvernement". Les déclarations critiques du ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, devant les membres du Parlement, envers les magistrats sur la qualité de leur formation et des jugements qu'ils prononcent dans les tribunaux, n'ont pas laissé le Club des magistrats indifférent. Hier, son porte-parole, Saâd-Eddine Merzoug, a tiré à boulets rouges sur le ministre de la Justice, affirmant que "le Club a appris avec étonnement et indignation" les propos de M. Zeghmati. Tout en rappelant que tous les ministres de la Justice "ont critiqué les juges publiquement sans proposer de solution ou d'alternative", à commencer par Amar Bentoumi, Mohamed Bedjaoui, Mohamed Chérif Kherroubi, Ahmed Ouyahia et Mohamed Charfi, M. Merzoug a chargé le ministre de la Justice, en lui rappelant son passé, d'une part, et son attitude face à ces critiques alors qu'il était magistrat depuis 1981, d'autre part. Le Club des magistrats n'y est pas allé de main morte pour fustiger M. Zeghmati en lui rappelant qu'il est un ministre "à la légitimité douteuse" et qui siège dans "un gouvernement désigné par des forces extraconstitutionnelles (…) Dans un passé récent, il était enseignant à l'Ecole supérieure de la magistrature et a supervisé la majorité des promotions des magistrats qu'il a critiqués". Sur sa lancée, M. Merzoug a rappelé à M. Zeghmati son silence devant les attaques sévères de l'ancien ministre de la Justice, Tayeb Louh, qui, en 2014, n'a pas ménagé la corporation devant la presse et la délégation ministérielle. "À l'époque, M. Zeghmati n'avait trouvé personne pour le réconforter. Sauf les élèves magistrats qui, aujourd'hui, sont en exercice." Pour M. Merzoug, il est inconcevable que le ministre de la Justice fustige de cette manière les magistrats, dont la formation de base est de 7 ans, alors que d'autres, titulaires de magistère et de doctorat en droit ont suivi des formations continues. Aux yeux de M. Merzoug, il est inconcevable qu'un ministre critique de cette manière des magistrats instruits devant un Parlement, "dont certains membres sont analphabètes et certains ministres qui n'ont obtenu leurs diplômes universitaires qu'après leur désignation au sein du gouvernement". Pour M. Merzoug, "cela ne veut nullement dire que les magistrats sont infaillibles. En revanche, il y avait bel et bien une erreur dans la procédure commise par le procureur général près la cour d'Alger (Zeghmati, ndlr) dans l'affaire Sonatrach 2". Aussi, M. Merzoug regrette que "la problématique des magistrats aussi profonde et complexe soit-elle, se résume dans un discours devant un Parlement, dont certains membres sont illégitimes, ou encore de l'aborder de manière superficielle. C'est une problématique qui exige un effort et un engagement des gens de bonne foi et également des études approfondies et de haut niveau qu'on doit élargir à des ateliers de recherche et de réflexion pour réformer cette corporation". Du reste, indique la même source, le Club a toujours plaidé pour que la formation à l'étranger ne soit pas une faveur au profit d'une catégorie de magistrats proches du pouvoir exécutif ou encore sur la base de critères régionalistes. Idem pour les promotions des magistrats qui, selon le Club, doivent faire l'objet de critères rigoureux qui doivent être fixés par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). "La formation et la promotion des magistrats sont une problématique qui exige un effort et un engagement des gens de bonne foi et des études approfondies et de haut niveau qu'on doit élargir à des ateliers de recherche et de réflexion pour réformer cette corporation", conclut M. Merzoug.