Salah Eddine Dahmoune reste, pour le moment, le seul et unique responsable au sein de l'Etat à avoir osé de telles insultes contre les millions de citoyens qui manifestent depuis 41 semaines contre le régime en place. Grave dérapage du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Salah Eddine Dahmoune. Lors d'une rencontre tenue hier au Sénat portant sur la présentation du projet de création de nouvelles wilayas, le ministre de l'Intérieur a franchi le Rubicon dans ses critiques contre le mouvement populaire en cours dans le pays depuis près de dix mois. En effet, M. Dahmoune a estimé que ceux qui sont contre l'élection "sont des traîtres", qualifiant au passage ceux-là de "minorité" et de "pseudo-Algériens". Salah Eddine Dahmoune ne s'est pas contenté de ces qualificatifs insultants, mais il a laissé libre cours à ses injures contre les opposants à l'élection pour les qualifier d'"homosexuels", de "pervers" et de "mercenaires" au service "des résidus du colonialisme"."Aujourd'hui, ce qui reste du colonialisme ou plutôt cet esprit colonialiste persistant utilise certains de nos concitoyens, ou plutôt des pseudo-Algériens parmi les traîtres, les mercenaires et les homosexuels", a-t-il dit devant des sénateurs, ajoutant, dans le même registre, que "ces gens ne sont pas des nôtres". Face au mouvement massif de contestation du processus électoral prôné par le régime, le ministre de l'Intérieur a souligné qu'il connaît "un par un" ces "mercenaires et cette minorité d'homosexuels" qui travaillent, selon sa logique, "contre les intérêts du pays". "À l'occasion de l'élection présidentielle, nous allons leur donner une leçon sur l'unité du peuple algérien et sa position commune pour préserver l'indépendance de notre pays", a ajouté le ministre de l'Intérieur. Salah Eddine Dahmoune reste, pour le moment, le seul et unique responsable au sein de l'Etat à avoir osé de telles attaques contre des millions de citoyens qui manifestent depuis 41 semaines contre le régime en place. Même les hordes d'internautes et de "mouches électroniques" mobilisées pour "casser" la dynamique citoyenne n'ont jamais franchi cette limite. Le ministre de l'Intérieur s'est rendu, ainsi, coupable de grave atteinte à des millions de citoyens qui réaffirment, quotidiennement, et surtout de manière pacifique et civilisée, leur opposition à un coup de force. Traités de "résidus de la bande", de "main étrangère" ou d'"agents au service des intérêts étrangers", seul Salah Eddine Dahmoune a eu l'audace et le courage de qualifier la quasi-majorité du peuple de "mercenaires". Le ministre de l'Intérieur a également versé dans l'homophobie en qualifiant les manifestants d'homosexuels. Des propos punis sévèrement par la loi sous d'autres cieux, surtout lorsqu'ils émanent d'un haut responsable au sein de l'Etat. Les propos tenus par le ministre de l'Intérieur ne sont pas passés inaperçus sur les réseaux sociaux. Ainsi, la vidéo a fait le buzz hier, et la blogosphère en a fait ses choux gras avec des messages de dénonciation qui se focalisent, principalement, sur "la panique au sein du régime" à l'approche d'"une élection vouée à l'échec" grâce "à une rue toujours mobilisée pour le départ de tout le système". La sortie de Salah Eddine Dahmoune ne manquera pas, comme l'ont promis les internautes, d'être au centre de la marche hebdomadaire de vendredi prochain. "Je marcherai avec une pancarte personnalisée où je vais écrire : Dahmoune dégage", ont annoncé plusieurs citoyens sur les réseaux sociaux.