Ce n'est qu'en Algérie où des criminels qui devraient croupir pour l'éternité dans une prison, ce n'est qu'en Algérie où des violeurs de femmes et de fillettes s'expriment librement sans provoquer un scandale, pas même une réaction timide. Parmi ces assassins, il y a Madani Mezreg, chef de l'AIS pour l'Est, qui a osé se montrer en public et tenir un meeting jeudi à Constantine. Cet homme est responsable de la mort de milliers d'innocents. Il a bénéficié de la grâce. Au lieu de se cacher, d'avoir honte, de demander pardon au peuple algérien, il ose se manifester et injurier, ce qui constitue une autre injure à la mémoire des victimes du terrorisme dont il était l'un des chefs les plus sanguinaires. Assuré de l'impunité, ce terroriste a poussé jeudi l'audace jusqu'à prétendre parler au nom du peuple et à s'attaquer à une partie de celui-ci, en l'occurrence les archs qu'il a osé qualifier de «minorité traîtresse à la solde des croisés et des puissances étrangères». Ce langage, certes, n'est pas nouveau chez les terroristes islamistes. Il a déjà été utilisé au début des années 1990 par les dirigeants de l'ex-FIS contre la Kabylie, cette région martyre qui a payé un lourd tribut pour l'indépendance de l'Algérie. Ce qui est encore plus grave, c'est que les pouvoirs publics ont autorisé ce mercenaire à la solde des wahhabites à tenir un meeting et à chercher à semer les germes de la division au sein des Algériens. Une grande partie de la société a accepté la concorde civile si elle devait mettre fin à l'effusion de sang. Mais les terroristes ont considéré la clémence de l'Etat comme un aveu de faiblesse. C'est ce qui se passe chez Madani Mezreg au point qu'il s'est mis à jouir au grand jour des fruits de sa rapine et du rackett qu'il a organisé dans la région de Jijel. Si l'on n'y prend garde, les mercenaires, comme les a appelés le président Lamine Zeroual, exigeront d'autres privilèges et, pourquoi pas, le partage du pouvoir politique. Ce qui est encore étrange, Madani Mezreg a diffamé, insulté, menacé mais les autorités sont restées de marbre. La justice algérienne est prompte à s'autosaisir quand il s'agit d'un journaliste par exemple, mais est totalement absente lorsque des terroristes défient l'Etat. Le Pouvoir a-t-il démissionné devant les provocations répétées des anciens dirigeants de l'ex-FIS ? Ou compte-t-il les utiliser pour son projet d'amnistie générale ? Les repentis ne doivent pas se méprendre. La patience des Algériens a des limites et ils ne sont pas en mesure d'accepter d'autres outrages.