Il s'agit d'aller vers un conclave qui puisse réunir toutes les figures émergentes du hirak ainsi que toutes les forces de diverses sensibilités politiques et autres personnalités. Maintenant que la décantation s'est opérée sur l'échiquier politique, entre les partisans de la tenue de l'élection présidentielle, composés pour l'essentiel des "résidus" du régime de Bouteflika, et ceux qui épousent les thèses du hirak, l'heure est au regroupement de toutes les "sensibilités politiques" et de "toutes les personnalités" rejetant le scrutin dans un "congrès" pour une synthèse de toutes les propositions formulées jusque-là. C'est là la substance de l'appel lancé à l'adresse des Algériens par le collectif de la société civile pour une transition démocratique, composé d'une quarantaine d'associations. "Tout en restant attachés au processus et aux résolutions de la société civile du 15 juin 2019 et avec les partis politiques et les personnalités nationales du 24 août 2019, nous appelons le peuple algérien et l'ensemble des forces du changement de notre pays à maintenir le caractère pacifique, unitaire et résolu de leur lutte et à s'inscrire dans la perspective d'un congrès national inclusif pour l'avènement d'une authentique république démocratique, sociale et civile en Algérie", écrit le collectif dans cet appel rendu public. Réunies une première fois le 15 juin dernier, les dynamiques de la société civile, composées, outre le collectif, du forum civil pour le changement et de la coordination des syndicats autonomes, ont adopté une feuille de route de sortie de crise articulée autour de la nécessité d'une période de transition conduite par une "instance présidentielle" consensuelle, la mise en place d'un gouvernement de compétences, l'institution d'une commission indépendante des élections et l'ouverture d'un dialogue inclusif. Une seconde réunion élargie aux partis politiques, dont ceux du PAD (Pacte de l'alternative démocratique) et du Forum des forces du changement, a eu lieu en août ponctuée par un appel à la tenue d'une conférence. Reste qu'au fil des mois, le contexte politique évoluant, des signes de divergences apparaissent, à commencer par le détachement du forum civil pour le changement d'Abderrahmane Arrar, qui a choisi d'appuyer la démarche de "dialogue" de Karim Younès, sans compter les tergiversations de certains partis politiques et autres syndicats par rapport à l'échéance du 12 décembre. "En dépit de l'opposition claire et massive du peuple souverain à une parodie d'élection, le pouvoir de fait entend l'imposer et proclamer un président qui ne sera que le représentant du système. Nous, collectif de la société civile pour la transition démocratique, exprimons notre solidarité avec celles et ceux qui luttent pour faire barrage à cette pitoyable mascarade qui, comme le cinquième mandat, est une insulte à la nation", souligne le texte. Il s'agit donc pour le collectif, convaincu que l'élection vise à reconduire le système et ne changera pas le rapport de force, d'aller vers un congrès qui puisse réunir toutes les figures émergentes du hirak ainsi que toutes les forces de diverses sensibilités politiques et autres personnalités à l'effet d'aboutir à une "négociation pour une transition". "Il s'agit d'un espace ouvert pour une offre politique, maintenant que le mouvement a atteint sa maturité et que la décantation s'est opérée", résume Saïd Salhi, vice-président de la Laddh. Le pouvoir concédera-t-il à cette négociation ? Le collectif en est presque convaincu. "La volonté démocratique et pacifique du peuple algérien triomphera", conclut le texte.