Les dynamiques de la société civile tentent un rapprochement avec les participants à la rencontre de Baïnem et les membres du Pacte de l'alternative démocratique. "Nous n'avons pas renoncé à notre projet de sortie de crise", nous assure Saïd Salhi, président de la Laddh (Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme). Il semblait pourtant que les dynamiques de la société civile, qui avait pu fédérer, à l'occasion de la conférence nationale du 15 juin 2019, les membres de la Confédération des syndicats autonomes, nombre d'autres entités syndicales et des organisations de la société civile, des partis politiques et des personnalités nationales, avaient cessé d'exister. "Après la défection d'Ali Benflis et d'Abdelkader Bengrina, qui ont rejoint la feuille de route du régime, il nous fallait opérer une décantation. Nous sommes passés par un moment de flottement, avec la conviction que notre vision de sortie de crise est toujours de mise", explique notre interlocuteur. Il parle aussi de la nécessaire démarcation du Forum du changement lancé par Abderrahmane Arar, qui adhérait auparavant au front de la société civile. "Les gens ont tendance à confondre entre nous et l'initiative d'Arar, qui a servi de prélude à l'installation du panel de Karim Younès. Ensuite, il a carrément présenté sa candidature à l'élection présidentielle", relève-t-il. Il reconnaît aussi que les animateurs de la dynamique ont été quelque peu déstabilisés par les arrestations, dont celle des coordinateurs du RAJ (Rassemblement Actions Jeunesse) Abdelouahab Fersaoui et Hakim Addad, la répression et les tentatives de division. Ils se sont, néanmoins, ressaisis. Le vice-président de la Laddh annonce, d'ailleurs, une reprise de contact avec les syndicats et les partis politiques restés fidèles au mouvement citoyen. "Nous sommes partisans d'une transition démocratique et notre boussole demeure le hirak." Dès lors, les dynamiques de la société civile se positionnent contre l'élection présidentielle du 12 décembre prochain. Du point de vue de Saïd Salhi, une élection est une consécration d'une gouvernance démocratique, mais, jusqu'à présent, les conditions ne sont pas réunies pour élire un président de la République. "La date du 12 décembre ne constitue pas un repère pour nous. C'est l'agenda du pouvoir. Nous sommes dans une autre logique", souligne-t-il. Des rencontres ont lieu entre le collectif de la société civile, des dirigeants de partis politiques de l'opposition, des personnalités nationales et les membres du Pacte de l'alternative démocratique. Il n'a pas voulu identifier ses interfaces, pour l'heure. "Nous voulons aller à une deuxième conférence nationale de consensus en essayant de faire converger notre vision avec celle du PAD et des participants à la rencontre de Baïnem", indique-t-il. "Nous voulons faire une offre politique de sortie de crise et donner un cadre au hirak", poursuit-il. Le Dr Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique, affirme que la coordination de quatre syndicats de la santé (SNPSSP, Snapsy, Samg et SNPEPM) est restée en contact avec le collectif de la société civile jusqu'à la fin août, puis il l'a perdu de vue. Il se dit disposé à réintégrer la dynamique à tout moment.