Même ceux qui claironnaient, il y a quelques mois, que l'ère des transitions est révolue sont revenus à de meilleurs sentiments. Avec le rejet sans appel des plans de sortie de crise du pouvoir, une transition s'impose. Après les quatre vendredis de mobilisation nationale contre le cinquième mandat et le système politique, l'Algérie se trouve face à une évidence : amorcer un processus de transition démocratique. Même ceux qui claironnaient, il y a quelques mois, que l'ère des transitions est révolue sont revenus à de meilleurs sentiments. Avec le rejet sans appel des plans de sortie de crise du pouvoir, une transition s'impose. Mais comment et qui pour mener cette transition ? Dans un document portant «Plateforme pour le changement en Algérie», des personnalités, dont Mohcine Belabes, Ali Benouari, Samir Bouakouir, Mustapha Bouchachi et Karim Tabbou ont esquissé un plan de sortie de crise. Ils exigent d'abord le retrait du chef de l'Etat à l'issue de son mandat actuel, le 27 avril 2019, la démission du gouvernement et la dissolution l'APN et du Sénat. Une fois cela fait, ils proposent d'entrer dans une phase de transition qui permettra au peuple de concrétiser son projet national. Ils plaident pour la mise en place d'une «Présidence collégiale» composée de personnalités nationales dignes de confiance et s'engageant à ne pas rester au pouvoir à la fin de la transition, la mise en place d'un «Gouvernement de salut national» nommé par la présidence collégiale, chargé de gérer les affaires courantes de l'Etat. Un débat national inclusif qui définira les modalités pratiques d'une révision constitutionnelle ainsi que l'organisation d'élections à l'issue de la phase de transition sera entamé. Le tout est accompagné par l'engagement de l'Armée et des services de sécurité à assurer leurs missions constitutionnelles sans interférer dans les choix politiques du peuple. Un autre plan de sortie de crise est proposé par une vingtaine d'associations regroupées au sein d'un «collectif de la société civile algérienne pour une sortie de crise pacifique». Dans un document, ces associations demandent au président de la République sortant de se remettre à la volonté du peuple et se retirer au plus tard le 27 avril. Elles proposent la mise en place d'un Haut Comité de Transition (HCT), l'installation par le Haut Comité d'un Gouvernement National de Transition (GNT) composé de personnalités consensuelles et crédibles pour gérer la période de transition dans des délais raisonnables à définir. En quatrième lieu, les signataires du document proposent des Assises du consensus national regroupant toutes les sensibilités de la société et des représentant-e-s du mouvement, puis l'élection d'une Assemblée constituante chargée d'élaborer la nouvelle Constitution ; cette élection sera précédée par la mise en place d'une commission indépendante d'organisation des élections, le tout couronné par le retour à la légalité constitutionnelle, l'ouverture du champ politique et l'organisation d'élections générales. Pour sa part, le Parti pour la liberté et la laïcité (PLD) propose un plan de transition de sept étapes. Contacté par nos soins, le coordinateur du parti, Mustapha Hadni, a fait part de ces propositions. Il estime que la transition nationale doit être décrétée par les institutions officielles d'aujourd'hui et toutes les forces vives du pays, le plus tôt possible. Le processus actuel doit être arrêté avec la dissolution de toutes les institutions élues ou désignées (Sénat, APN, APW, APC), ainsi que tous les syndicats et associations «maison» (UGTA, UNPA, UNEA, UNFA, …). Le PLD plaide ensuite pour la nomination d'un gouvernement de combat républicain pour gérer la transition, l'adoption d'un projet de loi pour une nouvelle Constitution afin d'aboutir à un projet de société pour que l'Algérie devienne une république démocratique, moderne, sociale et laïque, l'adoption d'un projet de loi sur les partis politiques et leur financement, pour le renouvellement de la classe politique et enfin l'organisation des premières élections libres et démocratiques (législatives, communales, et présidentielle). «L'ANP doit être garante du caractère pacifique et démocratique de cette transition», précise notre source. En fait, ce ne sont pas les solutions qui manquent à la crise du pays. La réponse du pouvoir aux manifestations imposantes du 15 mars sera connue aujourd'hui dans un message du chef de l'Etat à l'occasion de la fête de la Victoire qui coïncide avec le 19 mars de chaque année.