Le dialogue devra être mené sans l'interférence du régime et devra déboucher sur «une transition démocratique», avec la tenue à terme d'une élection présidentielle «propre et transparente», selon le Forum civil pour le changement, à l'origine de cette initiative de sortie de crise. Le Forum civil pour le changement, membre de la dynamique de la société civile, a proposé, hier à Alger, une liste de 13 personnalités nationales susceptibles de piloter une instance de dialogue et de médiation en vue de sortir de l'impasse politique, 10 jours après la dernière offre de dialogue proposée par Abdelkader Bensalah. «Ces personnalités, que nous avons contactées individuellement, ont affiché leur volonté de participer à cette initiative de sortie de crise qui se veut indépendante de toute chapelle politique», a assuré Abderrahmane Arar, président du Forum civil pour le changement, regroupant 70 associations au niveau national, lors d'une conférence de presse à Alger. Le panel des personnalités est composé de deux anciens chefs de gouvernement, Mouloud Hamrouche et Mokdad Sifi, l'ancien président de l'APN, Karim Younès, et l'ancien ministre Ahmed Taleb Ibrahimi. Figurent aussi l'avocat Mustapha Bouchachi, la moudjahida Djamila Bouhired (Ndlr, lire démenti ci dessous), la constitutionnaliste Fatiha Benabou, le sociologue Nacer Djabi, l'économiste Smaïl Lalmas, le syndicaliste Ilyes Merabet, la militante associative Nafissa Hireche, la militante des droits de l'homme Aïcha Zinai et Islam Benaya. Ces personnalités ont été désignées pour leur «appartenance au hirak» et leur «acceptation par le pouvoir et la population», tout comme elles ne sont pas impliquées dans des affaires de corruption, n'ont pas été liées au régime de l'ex-président Bouteflika et n'ont aucune ambition politique, a souligné le conférencier. «Pour le moment, il s'agit d'une proposition. Nous espérons que ces personnalités seront cautionnées par le hirak, l'élite politique et les décideurs du pays», a précisé Abderrahmane Arar, également président du Réseau algérien pour la défense des droits de l'enfant. Mais avant d'engager le dialogue, Abderrahmane Arar a exigé l'instauration d'un «climat d'apaisement et de confiance» à travers la libération des détenus du mouvement populaire, la levée des contraintes sur les libertés collectives, la levée des pressions sur le hirak et celle des pressions sur les médias, entre autres. Une fois les conditions de ce climat d'apaisement réunies, l'agenda de cette instance de dialogue et de médiation prévoit que lesdites personnalités engageront des consultations «approfondies» autour des propositions de sortie de crise, émanant de la classe politique et de la société civile. «Il est important que la feuille de sortie de crise soit inclusive et consensuelle», a insisté le président du Forum civil pour le changement, Au terme de ce processus, ladite instance convoquera une conférence nationale inclusive pour adopter les résultats du dialogue, lequel devra être mené sans l'interférence du régime et déboucher sur «une transition démocratique», avec la tenue à terme d'une élection présidentielle «propre et transparente». «Le régime devrait s'engager à respecter les conclusions de l'instance du dialogue et de médiation», a-t-il souligné. Le président par intérim, Abdelkader Bensalah, avait proposé le 3 juillet un dialogue pour préparer la présidentielle, dans lequel ni les autorités politiques ni l'armée ne seront, selon lui, impliquées. Mais sa nouvelle offre a été rejetée en masse le 5 juillet par le mouvement populaire, qui réclame, avant tout retour à la légitimité des urnes, la mise en place d'instances de transition et le départ des anciens fidèles encore en poste du Président déchu.