La finalisation en août dernier de l'acquisition d'Anadarko par Occidental semble avoir imposé une position claire de l'Algérie. Dans un communiqué diffusé hier, le ministère de l'Energie a indiqué que dans le cadre du processus de la fusion/acquisition opérée le 3 août 2019, entre les compagnies pétrolières américaines Anadarko et Occidental et qui a englobé la cession de l'ensemble des actifs nouvellement acquis en Afrique au profit du groupe français Total, Anadarko, partenaire de Sonatrach sur le périmètre de Berkine, a sollicité, conformément à la loi sur les hydrocarbures, l'approbation du ministre de l'Energie pour le changement de contrôle d'Anadarko Algérie au profit de la compagnie Occidental. En vertu de la réglementation en vigueur, a ajouté le communiqué, Mohamed Arkab, ministre de l'Energie, s'est prononcé sur cette opération et a déclaré son incompatibilité avec le maintien d'Anadarko dans le contrat d'association sur le périmètre de Berkine. En conséquence, Sonatrach exercera son droit de préemption sur les intérêts détenus par Anadarko en Algérie. Pour rappel, Total a annoncé début mai la signature d'un accord avec l'américain Occidental Petroleum en vue du rachat pour 8,8 milliards de dollars (7,9 milliards d'euros) des actifs pétroliers et gaziers du groupe Anadarko en Algérie, au Ghana, au Mozambique et en Afrique du Sud, dans le cadre d'une OPA d'Occidental Petroleum sur Anadarko. Cette annonce faite hier par le ministère de l'Energie vient ainsi clore le débat sur un sujet alimenté, il est vrai, par une position algérienne ambiguë, contradictoire et maladroite. En effet, le 26 mai 2019, le ministre avait refusé que Total s'empare des gisements en Algérie et avait indiqué qu'il pourrait brandir son droit de préemption pour bloquer la transaction. "Nous userons de tous les moyens juridiques pour préserver l'intérêt de Sonatrach et celui de l'Algérie", insistait-il. Cette menace de brandir le droit de préemption n'a pas fait long feu, puisque des contacts entre Mohamed Arkab et le patron de Total, Patrick Pouyanné, ont été initiés en juin dernier pour essayer de trouver un compromis. Aucune information n'avait filtré sur les termes de la négociation ou l'éventualité d'un accord. Mohamed Arkab avait parlé de la "volonté indéfectible des deux groupes Sonatrach et Total de préserver leurs intérêts communs et d'œuvrer à développer un partenariat pragmatique qui crée de la valeur pour les deux parties sur le moyen et le long terme". De son côté, le P-DG de Total s'était dit confiant quant à un accord avec Sonatrach. Récemment, Mustapha Hanifi, directeur des hydrocarbures au ministère de l'Energie, invité au Forum du quotidien El Moudjahid, avait écarté de l'équation le groupe français Total en expliquant qu'il s'agit en premier de la cession des actifs d'Anadarko à Occidental qui était à l'étude. Il avait précisé : "Nous avons besoin de tous les documents requis par la loi pour nous positionner." La finalisation en août dernier de l'acquisition d'Anadarko par Occidental semble avoir imposé une position claire de l'Algérie. Il faut dire que les actifs algériens d'Anadarko représentent pour l'Algérie des enjeux majeurs. Anadarko est opérateur en Algérie des blocks 404a et 208 avec une participation de 24,5% dans le bassin de Berkine (champs de Hassi Berkine, d'Ourhoud et d'El-Merk) dans lesquels Total détient déjà 12,25%. Ces actifs représentent environ 260 000 barils par jour, soit plus du quart de la production nationale de pétrole brut. Cette acquisition, si elle devait se concrétiser, ferait de Total un acteur de plus en plus important au sein de l'économie algérienne.