Alors qu'ils étaient attendus pour réagir aux mesures annoncées par le ministère de l'Education nationale, les enseignants du primaire n'ont pu rendre public un quelconque communiqué en raison, visiblement, de divergences de vues sur l'attitude à adopter face au mouvement de contestation. Et si certains d'entre eux appellent à un gel de toutes les actions de protestation (grève, sit-in et boycott des examens), à savoir la majorité, d'autres ont décidé de reconduire la grève cyclique observée chaque lundi et de boycotter les examens de la fin du premier trimestre jusqu'à la satisfaction de leurs revendications socioprofessionnelles. Par communiqués interposés, la guerre enclenchée par les deux parties a jeté un flou total auprès des enseignants qui ne savent plus à quel saint se vouer. L'arrestation d'une partie des coordinateurs des enseignants qui sont pour la poursuite de la grève, car jugeant les réponses du MEN en deçà de leurs attentes, a aggravé la situation. En ce sens, que cela a fait douter l'autre camp quant à la véracité du communiqué appelant au gel de la grève, en laissant entendre que ce serait un faux, en raison de l'infiltration de leur page facebook. Faux, répondent nombre de coordinateurs des enseignants qui ont appelé à la reprise du travail et à la fin du boycott des examens en expliquant que le gel de la grève n'est pas une bataille perdue, mais juste une pause, soit jusqu'à la prochaine réunion devant avoir lieu durant les vacances d'hiver. Pour rappel, dans un communiqué rendu public à l'issue d'une réunion qui a regroupé des responsables de la tutelle avec des membres de la coordination nationale des enseignants du primaire, mercredi dernier, le MEN a annoncé une série de mesures au profit des enseignants. À commencer par la revendication liée à l'application du décret exécutif n°14-266 du 28 septembre 2014. Le MEN a annoncé que l'application des dispositions de ce décret requiert l'amendement des dispositions du décret exécutif n°08-315 du 11 octobre 2008 relatif au statut particulier des fonctionnaires relevant des corps communs de l'éducation, en précisant que ce décret exécutif en est aux dernières retouches et devrait entrer en vigueur dans un délai n'excédant pas le 31 mars 2020. S'agissant, aussi, de l'octroi des indemnités et primes, la tutelle s'est engagée à mettre en œuvre le décret exécutif n°10-78 du 24 février 2010, qui leur octroie des primes d'expérience professionnelle, de documentation et d'expérience pédagogique, entre autres. Le MEN s'est engagé, en outre, à rembourser les enseignants ayant dispensé, en dehors des heures officielles, des cours de soutien aux élèves de fin de cycle primaire. Il a, par ailleurs, fait état de la régularisation de la situation des enseignants formateurs, à côté de celle des professeurs n'ayant pas finalisé leur formation en 2008 et 2012, et celle des professeurs adhérant aux grades en voie de disparition. La réaction "officielle" des grévistes, à ce communiqué, se fait attendre. Jusqu'à hier, la coordination des enseignants du primaire n'a pu rendre publique une quelconque déclaration, en raison de l'arrestation de ses membres. Chaque coordinateur d'académie a dû publier un avis informant les concernés de résolutions — pour ou contre la poursuite de la grève —, d'où l'anarchie qui s'est emparée de la corporation des enseignants.