Du côté officiel, rien n'indiquait, jusqu'à hier en fin de journée, qu'à Tizi Ouzou on était à la veille d'une présidentielle. À J-1 de la présidentielle, la mobilisation contre l'élection présidentielle s'est accentuée davantage hier à Tizi Ouzou où, en plus de la grève générale qui a paralysé toute la wilaya et de la grandiose marche organisée au chef-lieu de wilaya, la population improvise comme elle peut dans les localités pour empêcher pacifiquement tout déroulement du scrutin. C'est le cas, entre autres, à Tigzirt, où même les portes des écoles primaires qui servent habituellement de bureaux de vote ont été scellées par la population, et aussi à Souama, dans la daïra de Mekla, où les manifestants ont procédé au saccage des urnes après un rassemblement devant l'APC. À Azazga et à Bouzeguène où, à l'instar de nombreuses autres localités, les urnes ont été déjà saccagées et les sièges de daïra scellés, les habitants ont tout de même réinvesti l'espace public, non seulement pour réaffirmer leur rejet de cette élection à la veille de son déroulement, mais surtout pour guetter toute tentative de son organisation. Du côté officiel, rien n'indiquait, jusqu'à hier en fin de journée, qu'à Tizi Ouzou on était à la veille d'une présidentielle. Aucune préparation matérielle n'était visible et aucune information officielle n'a filtré sur le nombre, le lieu ou le déroulement de cette opération. L'Anie locale est aux abonnés absents et même ceux qui auraient eu l'intention de voter ne savent pas où le faire. Par ailleurs, des maires que nous avons pu accoster hier durant la marche populaire au chef-lieu de wilaya ont réaffirmé leur engagement aux côtés de la population ainsi que leur rejet de ce rendez-vous électoral. Parmi eux, Moh Saïd Hadji, maire de Ouaguenoune, a qualifié ce scrutin de "mascarade". "Nous avons dit non pour un 5e mandat, dit non pour l'élection de juillet dernier et nous disons encore non au scrutin d'aujourd'hui", a souligné notre interlocuteur, convaincu que le vote n'aura pas lieu sur le territoire de sa commune. Même son de cloche chez son camarade de Timizart, Lounès Djouadi, qui a, à son tour, qualifié cette présidentielle de "simulacre d'élection". "Le peuple est dans la rue pour demander le changement de tout le système et non un changement dans le système avec des candidats recyclés et sans programme politique", a-t-il estimé, se demandant s'il pouvait y avoir de scrutin sans électeurs. Le P/APC de Mâatkas, Lyès Laguel, mise surtout sur un taux de "0%" dans sa commune. "Aucun centre de vote ne sera ouvert à Mâatkas", dit-il. De nombreux citoyens que nous avons rencontrés ont affirmé leur intention de rester mobilisés même de nuit pour que ce scrutin n'ait pas lieu. "Ils feront peut-être voter d'autres à notre place pour dire que la Kabylie a voté, mais nous sortirons encore massivement vendredi pour leur asséner notre réponse et notre rejet de leur élection", dira Hocine, un jeune manifestant présent lors de toutes les marches. À Tizi Ouzou, de nombreux appels ont même été lancés hier à la population afin d'organiser des veillées en occupant, durant toute la nuit d'hier, les places publiques, notamment celle de l'ancienne mairie de Tizi Ouzou, afin "d'annuler et de s'opposer à cette mascarade électorale", lit-on dans l'appel.