Une escalade sans précédent est constatée ces derniers jours sur les chaînes de TV publiques et privées qui, toute honte bue, continuent de verser dans la diffusion de discours haineux et autres propos touchant à la dignité des personnes ou de régions entières du pays. L'objectif non affiché de cette opération puant la manipulation et la propagande est de dresser les Algériens les uns contre les autres pour briser la dynamique du hirak qui, plus le temps passe, plus elle semble déranger les tenants du pouvoir. Sinon comment expliquer que l'EPTV (ex-ENTV), une chaîne de TV publique, se permet de laisser passer le terme "zouave" même si elle l'attribue à des témoignages recueillis auprès des citoyens qui, du reste, sont bien "choisis" pour tenir des propos aussi insensés ? Cette même chaîne (la A3), qui n'est pas à son premier dérapage, récidive, cette fois-ci, en laissant dire "les autochtones oranais" sans que ces termes farfelus aux connotations racistes fassent réagir l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav), censée être le garant du bon fonctionnement des médias lourds. Hormis les deux ou trois premiers vendredis du mouvement populaire, enclenché depuis le 22 février dernier, où les chaînes de télévision ont "osé" quelques images des marches, le déroulement du hirak qui secoue l'Algérie depuis des mois, et pas seulement le vendredi, est sciemment occulté. Pis encore, les chaînes de TV s'adonnent à un travail de manipulation aux allures d'incitation à la haine et autres tentatives de division du peuple qui, fort heureusement, sont déjouées la plupart du temps. Il se trouve que ces discours inadmissibles sont également distillés par les chaînes de TV privées qui vont jusqu'à affubler les hirakistes ou tous ceux qui sont d'un avis contraire au discours du pouvoir de "traîtres à la nation". Or, il se trouve qu'il existe une majorité d'Algériens qui ont une autre opinion que celle que veulent leur montrer ces chaînes de télévision comme rapporté et montré largement par les comptes-rendus sur les réseaux sociaux et les médias étrangers, venus couvrir l'élection présidentielle du 12 décembre. Pendant ce temps, l'Arav se mure dans un silence coupable en fermant les yeux sur ces graves dérives alors qu'elle n'a pas manqué de se mettre en évidence lorsqu'il a été question de "promouvoir" l'élection présidentielle. À rappeler que le 25 mai dernier, Abdelkader Bensalah, l'ex-chef de l'Etat, avait procédé au limogeage du DG de l'Arav, en l'occurrence Zouaoui Benhamadi, nommé à la tête de cette autorité en mai 2016 qui a été remplacé par Zouina Abderrazak, ex-membre du Conseil constitutionnel, sans que cela change un iota quant à l'inefficacité de cette autorité censée veiller à séparer le bon grain de l'ivraie pour que le monde de l'audiovisuel fonctionne sous de meilleurs auspices. Faudra-t-il s'attendre à d'autres changements à la tête de l'Arav et de l'ENTV à plus forte raison qu'Abdelmadjid Tebboune a abordé dans son discours d'investiture le chapitre presse assurant que "le changement c'est aussi une presse libre dans le respect des lois de la République". Pour le moment, il faut dire que l'on ne voit pas encore le changement promis.