«Depuis le 12 janvier 2012, l'Eptv ne détient plus le monopole. La loi a apporté d'importants changements: elle consacre le principe de la liberté de l'information, annonce l'abolition du monopole de programmation et l'ouverture au privé, prévoit la création d'une autorité de régulation indépendante.» Tewfik Khelladi, DG de l'Eptv dans la revue du CMCA Alors que le ministre de la Communi-cation, Mohamed Saïd, essaye de sauver sa peau et maintenir son projet de loi sur l'audiovisuel, les opérateurs privés n'attendent pas la loi de la République et débarquent tour à tour sur le satellite. Plus de neuf télévisions privées sont regardées chaque soir par les Algériens sur le satellite Nilsat. Mais cette entrée sur le terrain audiovisuel n'a pas dérangé l'entreprise publique de télévision qui a le monopole audiovisuel depuis plus de 50 ans. Au 21 boulevard des Martyrs, siège mythique de la Télévision nationale, l'arrivée des nouvelles télévisions n'a pas provoqué la panique et certains journalistes et animateurs se marrent quand ils regardent certains programmes des télévisions privées algériennes. On est bien loin de la situation des années 2000 quand Moumen Khalifa avait lancé une télévision et que des dizaines de journalistes de la télévision, de la radio et même de l'APS s'étaient rués pour travailler au bureau de KTV à Chéraga. Une situation qui a conduit les directeurs des trois médias publics à signer une note qui interdirait à tout employé de travailler durant ou après les horaires de bureau à Khalifa TV. Ce qui a obligé certains journalistes à prendre des mises en disponibilité d'une année pour bosser chez Khalifa TV. Pour ne pas être identifiés, certains journalistes avaient refusé de faire des chapeaux pour leur sujet. Les plus chanceux sont les techniciens, notamment les monteurs qui bossaient le matin au 21 boulevard des Martyrs et le soir, ils montaient les reportages tranquillement pour KTV. Aujourd'hui, la situation n'est pas identique. Si KTV avait fait trembler l'Entv à l'époque, les neufs télévisions privées algériennes ne semblent pas faire peur à la direction de l'Entv. Même si l'agrément accordé récemment aux trois télévisions privées a été mal perçu par certains responsables de l'ex-Unique. En réalité, les nouvelles télévisions algériennes privées n'ont pas le même poids politique que Khalifa TV et surtout la même force financière. La seule télévision qui peut rivaliser avec l'Entv en matière de salaire, c'est bien Dzair TV qui est financée par le groupe Haddad. Car, contrairement à ce qu'on pense, les employés de l'Entv ignorent totalement les offres d'emploi des nouvelles chaînes de télévision. Les récentes augmentations de la grille des salaires de la télévision publique les ont largement satisfaits. Et les envies de départ ou de nomadisme vers d'autres chaînes sont rares. Les employés de l'Entv ont obtenu, suite aux négociations avec l'Ugta et le ministère du Travail, une augmentation de plus de 60% de leur salaire. A cela s'ajoutent des primes alléchantes. Des employés de l'Entv peuvent toucher entre 60 et 70.000 DA par mois. Situation ubuesque. Ce salaire fait aujourd'hui saliver certains journalistes et techniciens des nouvelles chaînes de télévisions privées, qui ne souhaitent qu'une seule chose: décrocher un poste permanent au 21 boulevard des Martyrs. Car ce qui intéresse le plus les employés des télés privées, c'est surtout la couverture sociale et la stabilité de l'Eptv. Car au niveau des télés privées, on n'est pas à l'abri du licenciement ou d'un limogeage. [email protected]