La diaspora algérienne au Canada se met en mode réflexion. À l'occasion du 23e conclave du Forum citoyen d'Algériens à Montréal qui a coïncidé avec l'acte 45 de la manifestation dominicale, le hirak de Montréal se dit toujours mobilisé. Le rassemblement de dimanche a démontré une mobilisation sans faille de la diaspora qui maintient ainsi le cap fixé par le peuple manifestant pour se réapproprier sa souveraineté spoliée. Les slogans habituels du hirak ont été scandés par la foule qui a tenu à rendre hommage aux architectes du Congrès de la Soummam, Abane Ramdane et Larbi Ben Mhidi. "Système dégage, Tebboune dégage", intiment les manifestants qui n'ont pas oublié les détenus d'opinion dont la libération "immédiate et inconditionnelle" a été de nouveau exigée. Leurs portraits étaient exhibés par les manifestants. "Etat civil et non militaire", proclame une pancarte qui réitère par là une résolution de la plateforme de la Soummam. La répression de la révolution populaire et les actes de baltaguia enregistrés vendredi ont été énergiquement dénoncés par les Algériens du Canada. "Un pouvoir qui réprime ou sponsorise des actions anti-révolution est disqualifié pour piloter le changement du système comme réclamé par le peuple algérien", soutient un manifestant. Cette question des baltaguia a été évoquée lors de la session du Forum citoyen d'Algériens à Montréal. Lors de ce regroupement organisé après le rassemblement sur la place du Canada, l'occasion a été saisie pour faire le bilan de cette agora citoyenne. Les débats modérés par Amel Gherbi et Azeddine Chikhi ont permis aux participants de "réfléchir à haute voix" sur les perspectives du mouvement populaire. Idir Sadoun, un vieux routier de la politique, a considéré que le mouvement populaire doit garder le cap, en dépit des tentatives du pouvoir de reprendre la main. Ce qui, d'après lui, ne manquera pas d'avoir des incidences sur le hirak. "Le Forum doit garder son caractère d'espace de débat et de pratique démocratique", a estimé, pour sa part, Nadjet Bouda. Un autre intervenant a suggéré de lancer une page Facebook pour contrer les baltaguia. À ce propos, une pétition pour interpeller les autorités publiques, dont le rôle, en principe, est de protéger les citoyens, a été lancée par des activistes à Oran, a déclaré l'activiste Ali Iheddaden. D'autres intervenants ont insisté sur la nécessité de créer des liens avec le hirak en Algérie. Outre l'urgence d'une stratégie de communication pour le mouvement, les participants au Forum ont dénoncé le silence des partenaires internationaux devant la violation des conventions internationales relatives aux droits de l'Homme et ratifiées par l'Algérie.