La composition du premier gouvernement qui a suivi l'élection d'Abdelmadjid Tebboune met hors jeu les partis de l'ancienne alliance présidentielle. Hormis des ministres qui ont servi dans le précédent gouvernement, rares sont ceux qui peuvent se prévaloir d'une attache partisane. Une stratégie de gouvernance ou un simple choix tactique dicté par la conjoncture ? Parmi les 39 membres du gouvernement d'Abdelaziz Djerad, un seul peut se targuer d'appartenir à un parti politique : Tayeb Zitouni, ministre des Moudjahidine, un survivant du Bouteflikisme, est, en effet, militant du RND. Il n'est pas le cadre le plus actif du parti qui a officiellement présenté Azzedine Mihoubi à la présidence de la République, mais il s'est toujours affiché comme militant du parti du temps où Ahmed Ouyahia était à sa tête. Il n'a jamais quitté la formation politique depuis. Outre Tayeb Zitouni, l'actuel gouvernement compte une ministre partisane. Bessma Azouar, ministre des Relations avec le Parlement, est députée du Front El-Moustakbal. Elle s'est distinguée par une tirade contre le gouvernement Ouyahia lors de la présentation de la loi de finances 2018. Le président de son parti, Abdelaziz Belaïd, était candidat à la dernière élection présidentielle. Il s'était classé bon dernier avec un peu plus de 6% des voix. Chez les anciens partis du pouvoir, en revanche, aucune figure n'a été retenue dans la composition du gouvernement. Disqualifiés par le mouvement populaire du 22 février, le FLN, le RND, le MPA et TAJ l'ont été également par les initiatives lancées par le pouvoir. Karim Younès, chargé de conduire le dialogue au nom du pouvoir en août dernier, avait refusé publiquement de traiter avec ces formations politiques. "C'est le peuple qui les a exclus. Pas moi", disait-il alors en réponse aux critiques venant de ces partis. Karim Younès faisait référence aux attaques qui ciblaient les formations qui ont soutenu politiquement Abdelaziz Bouteflika. Ces attaques sont parfois allées jusqu'à la fermeture de certaines permanences du FLN notamment. Malgré ce refus populaire, des partis comme le FLN et le RND ont tenté de "rebondir". Ils ont organisé la succession à leurs chefs emprisonnés pour corruption. Mais les tentatives n'ont pas été fructueuses et leurs activités se limitent à des rencontres de leurs instances dirigeantes. Pis encore, leurs homologues du MPA et de TAJ ont carrément sombré dans l'oubli. Ils ne se manifestent que par le biais de communiqués louant les initiatives prises par les dirigeants du moment. Les deux partis politiques, créés juste pour soutenir Abdelaziz Bouteflika, n'ont même pas pu renouveler leurs instances après l'emprisonnement d'Amara Benyounès et d'Amar Ghoul dans les dossiers liés à la corruption. Ils sont toujours en détention provisoire en attente d'un procès. Mais leurs partis sont toujours absents de la scène. Il reste que malgré leur absence au gouvernement, les deux principaux partis de la défunte alliance présidentielle gardent une confortable majorité dans les deux Chambres du Parlement. Mais dans la configuration actuelle, ils ne vont pas s'opposer aux choix du chef de l'Etat. Même mis en dehors du jeu institutionnel, ce seront eux qui adouberont les choix du pouvoir actuel. Comme ils l'ont toujours fait.